L'intérêt du tableau réside à la fois dans son iconographie et dans son attribution. Les dimensions du tableau, le caractère monumental de sa composition, son aspect rhétorique voire grandiloquent, pourraient laisser penser qu'il s'agit d'une oeuvre présentée au Salon. Les livrets toutefois ne le citent pas. A défaut de pouvoir s'appuyer sur les sources, son attribution ne peut donc reposer que sur des considérations d'ordre stylistique. Les spécialistes interrogés - Sylvain Bellenger, Jean-Pierre Cuzin, Guillaume Faroult, Mehdi Korchane, Sylvain Laveissière, Anne Leclair, Pierre Rosenberg, Daniel Rouvier, Thierry Zimmer - ne sont pas parvenus à identifier l'auteur du tableau. Selon Guillaume Faroult, il s'agirait d'un artiste de la génération des années 1770 voire plutôt 1780. Le bras tendu du Christ semble une citation du Septime Sévère de Greuze (S. Laveissière), ce qui permet de fixer comme terminus ante quem la date de 1769. Le tableau est de toute évidence bien plus tardif. Si le saint et les chérubins sont encore dans le goût de la fin du 18e et que la figure de l'ange évoque un disciple de Lagrenée (G. Faroult, M. Korchane), en revanche le halo de lumière derrière le Christ fait penser à une production des deux premières décennies du 19e siècle. Les maladresses dans les proportions et le rendu anatomique (en particulier l'épaule droite du saint) laissent penser qu'il s'agirait d'un jeune artiste qui aurait eu des difficultés à s'imposer à ses contemporains et que l'histoire de l'art aurait effectivement oublié (S. Laveissière). Selon S. Bellenger il pourrait donc s'agir d'un artiste formé loin des ateliers parisiens et appartenant plutôt au milieu bordelais ou toulousain. Le tableau serait selon lui à dater vers 1820. Parmi les hypothèses qui ont été formulées, citons les noms de Lacour (G. Faroult), Perrin, Taillasson et Landon jeune (T. Zimmer), Tardieu (A. Leclair), Bardin, Brenet (S. Laveissière), ou des émules de Lagrenée (S. Laveissière et M. Korchane), Vincent (G. Faroult et J.P. Cuzin), Durameau (S. Laveissière), Réattu (A. Leclair). Pourraient également être avancés, selon nous, les noms de Monsiau, ceux de Robin et Jollain (en particulier pour la proximité stylistique avec les oeuvres de ces deux derniers pour la chapelle de la Trinité de Fontainebleau) ou encore d'Aulnette Du Vautenet qui travailla dans l'atelier de Vincent et réalisa une esquisse sur le thème du songe de saint Martin dont s'inspira Zier pour son tableau de l'église Saint-Martin (Le Royer, Meillac). Les recherches faites sur ces artistes à partir de la documentation photographique du Service d'étude et de documentation du département des peintures du Louvre n'ont, hélas, pas permis de trancher. Toutefois le traitement des drapés et des physionomies, si caractéristique, permettra peut-être un jour d'identifier l'auteur de ce tableau.