Épée
De type Gladius Hispaniensis
Épée de type Gladius Hispaniensis
Occitanie ; Pyrénées-Orientales (66) ; Saillagouse ; dépôt archéologique
66167
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Pyrénées catalanes (Les)
Dépôt archéologique
Armurerie
Bronze ; fer
L'épée mesure 57 cm de la pointe au départ de la soie dont quatre centimètres sont conservés, ce qui porte la longueur totale à 61 cm. Son poids, lors de la découverte, était de 550 g, y compris l'épée et les restes du fourreau. La lame, qui est entière, a une forme incurvée, certainement due à un accident lors de son enfouissement. A double tranchant, elle possède une nervure centrale sur les deux faces ce qui lui donne un profil losangique très aplati. L'épée a été enterrée avec son fourreau dont une bonne partie était collée à l'arme où est placée l'attache de fixation à la ceinture est de forme arrondie. L'autre partie porte à l'intérieur une nervure centrale qui épouse la forme de l'épée. Ses bords sont recourbés pour recevoir ceux de la plaque arrondie. Les deux tôles ont été ensuite serties l'une dans l'autre. Deux lignes parallèles sont visibles tout le long de la tôle arrondie. L'attache (fig. 1-2) est forgée d'une seule pièce. Elle se compose de deux parties ovales planes fixées sur le fourreau par un rivet, pratiquement invisible. Le passant de fixation à la ceinture est de forme rectangulaire. L'anneau en bronze (fig. 1-3) pourrait faire partie de la fixation de l'épée.
L = 57
2e siècle av. JC
C'est jusqu'ici la seule épée entière qu'il nous ait été donné de voir en Cerdagne. Elle ne peut donc être datée que par comparaison avec les armes trouvées ailleurs. L'ouvrage de référence en la matière est celui de Fernando Quesada Sanz. Dans cet ouvrage on trouve le même modèle que notre épée dans une figure représentant les épées de type gladius hispaniensis, origine et évolution (fig. 156, p. 266). Par sa longueur, notre épée peut-être comparée avec le dessin fig. 3, n° 3. L'arme présentée, trouvée sur le site de Cigarralejo est du type de la Tène modifiée, VII B. Par la forme de la fixation du fourreau, on peut aussi la comparer avec le dessin fig. 3, n° 1 et 2. Ici l'arme, plus longue, provient du site del Turo dels dos Pins, Cabrera de Mar (Maresme). L'auteur la classe à la Tène de type Européen, VII A. Cette même épée (fif. 3 n° 1) est présentée dans un tableau chronologique du catalogue de l'exposition Els Ibers, Princeps d'occident (p. 127). ce type d'épée fait son apparition à la fin du IIIe siècle avant J.-C. C'est l'arme favorite de la cavalerie indigène (surtout Celtibère) qui servit dans les armées carthaginoises ou romaines (p. 131). Elle perdurera jusqu'au dernier tiers du IIe siècle, vers 100 avant J.-C. Source : Campmajo P., Mach J., Crabol D., Ramirez J., Découverte d'une épée de la fin de la Tène I sur les contreforts du massif du Puigmal, (Pyrénées-Orientales). La délibération du Conseil Municipal en date du 7 février 2015 ratifie la donation à l'État de l'épée du type Gladius Hispaniensis. La découverte fortuite de cette épée s'est faite au courant du mois de juillet 2007 par M. Jordi Mach sur les pentes du massif du Puigmal à 2030 mètres d'altitude sur le territoire communal de Valcebollère. L'épée se trouvait au pied d'une souche de pin et sortait de terre d'une quinzaine de centimètres. On peut supposer qu'à l'origine elle était enfouie dans le sol et que les racines de l'arbre ou l'érosion l'ont progressivement exhumée. Une rapide prospection a permis de récupérer quelques petits fragments de tôle de fer provenant du fourreau et un anneau en bronze., trouvé six mètres en contrebas. La découverte a été aussitôt déclarée au dépôt de fouilles archéologiques de Saillagouse. La physionomie du terrain, à l'endroit de la découverte, pose la question de la présence de l'arme en ce lieu. On est en droit de penser qu'un objet aussi précieux n'a pas été perdu. Deux hypothèses nous semblent plausibles. Ou bien l'arme a été dissimulée en l'enterrant, avec l'intention de la récupérer plus tard, ou bien il s'agit d'une sépulture. Dans ce cas le défunt a probablement été inhumé à la hâte dans un lieu inapproprié et pour des raisons que l'on ignore. Seule une fouille pourra peut-être répondre à la question. La chronologie de l'arme nous intéresse plus particulièrement. Il est fort probable que son propriétaire venait du sud des Pyrénées. Au début du IIe siècle éclate en Espagne la deuxième guerre punique qui fit passer les Pyrénées aux troupes d'Hannibal. Les rébellions qui éclatèrent en Espagne plus tard, vers 186/183 avant J.-C., entraînèrent la dure répression du consul Caton contre les Ibères. C'est à partir de cette date que l'on trouve en Cerdagne les premières céramiques d'importation en provenance de la côte catalane (Campmajo, 1983) mais surtout les premiers graffiti (Campmajon, Untermann, 1991 et 1992) écrits en langue ibère, notamment dans cette vallée d'Osseja. On peut légitimement se demander quel rapport existe entre ces événements et l'épée que nous décrivons. (Campmajo P., Mach J., Crabol D., Ramirez J., Découverte d'une épée de la fin de la Tène I sur les contreforts du massif du Puigmal, Pyrénées-Orientales).
Propriété de l'Etat
Classé au titre objet
2016/12/12 : classé au titre objet
Arrêté de classement n° 085. Commission nationale des monuments historiques 27/06/2016. Commission départementale des objets mobiliers 03/07/2015. Objet inscrit au titre des monuments historiques le 20 octobre 2015. Propriété du Ministère de la Culture et de la Communication.
Campmajo, P., Mach, J., Crabol, D., Ramirez, J., Découverte d'une épée de la fin de la Tène I sur les contreforts du massif du Puigmal, (Pyrénées-Orientales). ; Campmajo, P., Le site Protohistorique de Llo, mémoire du diplôme de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Centre d'Etudes Préhistoriques Catalanes T. 2, Université de Perpignan, 1983. ; Campmajo, P., Untermann, J., Corpus des gravures ibériques de Cerdagne, Ceratania 1, Arxiu Historic comarcal, Puigcerda, 1991, p. 39-59. ; Campmajo, P., Untermann, J., Les influences ibériques dans la haute montagne catalane - le cas de la Cerdagne, Lengua y cultura en la Hispania preromana, Acteas del Ve colloquio sobre lenguas y culturas preromanas de la Peninsula iberica, 25-28 de noviembre de 1989, Colonia, Universidad de Salamanca, Salamanca, 1992, p. 499-520. ; Quesada Sanz, F., El armamento iberico. Estudio tipologico, functional, social I simbolico de les armas en la Cultura iberica (siglos VI-Ia. C.), Editions Monique Mergoil, Montagnac. ; Catalogue, Els Ibers, Princeps d'Occident, Fundacio la Caixa, Barcelona, 1998, p. 377.
Dossier individuel