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Plateforme ouverte du patrimoine

vaquelotte Le Jacques

Désignation

Dénomination de l'objet

Bateau de pêche

Précision sur la typologie de l'objet - hors lexique

Canot de pêche

Appellation d'usage

Vaquelotte

Titre courant

Vaquelotte Le Jacques

Localisation

Localisation

Normandie ; Manche (50) ; Saint-Vaast-la-Hougue

N° INSEE de la commune au moment de la protection

50562

Précision sur la localisation

Anciennement région de : Basse-Normandie

Emplacement de l’œuvre dans l’édifice

Amarré à Saint-Vaast-la-Hougue.

Description

Catégorie technique

Patrimoine maritime

Matériaux et techniques d'interventions

Orme ; chêne ; sapin (rouge)

Description matérielle

Le canot mesure 6,73 m et 14 m hors tout. Large de 2,71 m au maître bau, il jauge 4,16 tonneaux. On remarque sa forte quête d'étambot. Les essences des bois de construction sont classiques, quille en orme, étrave, étambot, membrures, serres et tableau en chêne, bordés en sapin rouge. Il a navigué exclusivement à la voile et aux avirons, son gréement comportant une misaine au tiers, un petit froc, un grand froc et un tape-cul. Motorisé en 1945 par une moto-godille Evinrude, puis deux ans plus tard par un diesel Bolinder de 8 cv avec installation d'une hélice, remplacé par un Couach à essence de 10 cv, puis en 1976 par un Couach diesel de 30 cv. Ce moteur est signalé en état de marche dans les années 1980. Démonté en 2010. Cette motorisation avait été accompagnée de l'installation d'un demi-pontage et d'un rehaussement du bordage, à l'avant, pour abriter le moteur, du remplacement du mât d'origine en pitchpin par un mât en fer, et de la suppression des bancs, dont un banc à pompe et deux bancs qui servaient en particulier à armer deux avirons de vingt pieds en sapin rouge, passant à travers des sabords de nage que l'on nommait houordes dans le Cotentin, à un tribord avant, l'autre au milieu bâbord.

Dimensions normalisées

L = 673 ; l = 140 (hors tout) ; la = 271

État de conservation (normalisé)

Oeuvre restaurée

Précisions sur l'état de conservation

Oeuvre restaurée entre 1991 et 1992 : ces travaux, soutenus par le rectorat de l'académie de Caen et le conseil général et conduits avec un enthousiasme tenant lieu de métier, ont consisté à supprimer le pontage avant parasite, à réinstaller les trois bancs, à rectifier le gréement en plantant un mât en pin Douglas, à refaire et à calfater les hauts tout en conservant les oeuvres vives, qui sont d'origine.

Historique

Auteur de l'œuvre ou créateur de l'objet

Personnalités liées à l'histoire de l'objet

Jeanne Julien (propriétaire) ; Hubert jean (propriétaire) ; lycée Victor Grignard (propriétaire)

Lieu de création

Lieu d'exécution : Basse-Normandie, 50, Saint-Vaast-la-Hougue

Siècle de création

2e quart 20e siècle

Année de création

1937

Description historique

En-dehors du Cotentin, la vaquelotte ou canot de Barfleur est un canot de pêche non ponté, à voile au tiers dite à Bourcet. La Jacques a été construit en 1937 au chantier Pierre Bellot-Lécrivain, sur la cale de la Chapelle à Saint-Vaast-la-Hougue, pour le compte de Julien Jeanne, pêcheur à Cosqueville. Son plan était celui d'une vaquelotte de 19 pieds, que le dossier de protection et l'expert attribuent à un plan établi en 1926 par M. Boudard, de Grandcamp. Il convient de dire plus exactement pour M. Boudard, d'ailleurs armateur à Cherbourg, selon ce contrat de construction. En tout cas, plusieurs vaquelottes de 19 pieds furent construites à partir de 1926 sur ce plan particulièrement réussi. Achevé en août 1937, le Jacques fut armé le 1er septembre à la pêche aux casiers à étrilles et à la senne aux lançons. Il pouvait aussi, comme les autres canots de pêche traditionnels de Cosqueville, emporter des casiers à tourteaux ou homards, des cordes à colins ou à vieilles, ou des lignes à maquereaux. Il a navigué exclusivement à la voile et aux avirons jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Motorisé à partir de 1945. Le moteur installé en 1976 (Couach diesel de 30 cv) est signalé en état de marche dans les années 1980. Douze ans plus tard, il se trouve à bord, mais hors-service et il a été démonté par l'atelier Mécanique Marine de Saint-Vaast en 2010. Les puissants avirons qui ont été conservés étaient difficiles à armer et à manier dans les ports. Ils constituaient l'un des moyens traditionnels de propulsion des vaquelottes. D'une manière générale, tous les canots de pêche armaient d'ailleurs, d'une façon ou d'une autre, des avirons. Cosqueville ne disposant pas de port, les 17 canots recensés en 1937 restaient au mouillage sans s'échouer pratiquement jamais, contrairement à l'universalité des ports de pêche. Les débarquements et embarquements nécessitaient une annexe, baptisée cajot dans le Cotentin. Cela expliquerait des formes de coque plus fluides que celles de la plupart des bateaux de travail, soulignées par le rapport de l'expert, M. Daniel Charles, ainsi que la présence de béquilles qui ont été conservées. Le bateau est resté dans la famille de Jeanne jusqu'en 1982, toujours armé à la pêche, à Cosqueville puis à Cherbourg. Le Jacques a été racheté par Jean Hubert, pêcheur à Cherbourg, qui l'utilisa peu. La vaquelotte, rebaptisée Dadie, était amarrée au quai des pilotes de Cherbourg, quand son avenir a été assuré le 21 novembre 1991 par le foyer socio-éducatif du lycée Victor Grignard de Cherbourg, qui en fit l'acquisition dans le cadre d'un projet d'action éducative consacré à sa restauration dans sa configuration d'origine. Cette restauration a permis au Jacques de participer en 1992 à des challenges à Cherbourg et aux rencontres de vieux gréements à Brest et à Douarnenez, encouragé par un 5e prix de la décoration au concours Bateaux des côtes de France. Le Jacques a été racheté en 1995, puis en 2005. Si le Jacques nécessite une restauration professionnelle et une remotorisation pour lui rendre sa capacité d'être autorisé à naviguer selon les normes actuelles, les éléments de son dossier patrimonial et sa traçabilité sont exceptionnels. Un dossier historique très détaillé a été réuni sur le chantier , sur la communauté des pêcheurs de Costeville et sur les premiers pêcheurs amateurs du bateau, jusqu'à sa restauration par le PAE du lycée Victor Grignard en 1991-1992 et ses premières activités en tant que bateau du patrimoine. Le chantier Bellot remontait à Pierre Fichaux, maître charpentier à Barfleur au début du XIXe siècle, passé à son neveu puis à son petit-neveu Charles Bellot dont quatre des dix enfants poursuivirent la tradition de constructeurs à Barfleur, Saint-Vaast et Cherbourg, lançant à Saint-Vaast en 1934 le cotre de Barfleur Marie-Madeleine, classé au titre des monuments historiques en 1984. Repris après la Seconde Guerre Mondiale par la famille Fouace, le chantier ferma après faillite à la fin des années 1940 (aujourd'hui chantiers navals Bernard). La famille Jeanne, celle des premiers propriétaires, représentait la cinquième ou la sixième génération d'une longue lignée de pêcheurs de Cosqueville remontant à Jacques Jeanne à la fin du XVIIIe siècle, et à son fils Louis, devenu patron pêcheur en 1816. Des documents illustrent les états de service à la petite pêche de Louis Jeanne, de 1816 à 1828 et le rôle d'armement au poisson frais du canot Jacques Nicolas, en 1842, est significatif : il est armé par Jacques Jeanne, 28 ans, patron, les matelots Louis Jeanne, 56 ans et Louis Antoine Jeanne, 19 ans ainsi que le mousse Bien-Aimé Jeanne, âgé de 13 ans. Sous le climat difficile du Cotentin, l'état du bateau est médiocre dans les hauts, surtout à tribord. Les oeuvres vives sont bien conservées, car le Jacques a eu la chance d'avoir une activité à flots quasiment continue. Une pompe électrique automatique sur batterie a été installée temporairement. Les derniers exemplaires à flot de vaquelottes ont été soit dénaturés par des restaurations abusives, soit abandonnés. Devant la difficulté d'établir la traçabilité des vaquelottes originales, le Jacques fait figure d'exception. L'une des plus grandes vaquelottes à flot dans une configuration proche de son état d'origine, il semble être le dernier exemplaire subsistant des prestigieux plans Boudard et la dernière vaquelotte pure à avoir conservé ses houordes (petits sabords permettant de placer les avirons) pour la navigation aux avirons. Sur tous les autres exemplaires on a changé les hauts et on ne trouve plus cette caractéristique, qui est fondamentale, puisque ces petits bateaux étaient destinés à naviguer à la voile et aux avirons. Gréer ses avirons était une opération assez compliquée, puisqu'il fallait les introduire par l'extérieur, ce qui rendait la manoeuvre assez dangereuse dans les ports où l'espace est mesuré. Ce système n'était pas très commode, mais il est caractéristique et ne se retrouve nulle part ailleurs. A noter qu'un grand aviron et une godille sont conservés mais ne sont probablement pas d'origine.

Statut juridique et protection

Statut juridique du propriétaire

Propriété privée

Typologie de la protection

Classé au titre objet

Date et typologie de la protection

2014/02/27 : classé au titre objet

Précisions sur la protection

Arrêté n° 010. CNMH du 12/12/2013.

Sources d'archives et bases de données de référence

Amiral François Bellec (expert du patrimoine maritime)

Références documentaires

Cadre de l'étude

Dénomination du dossier

Dossier individuel

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vaquelotte Le Jacques
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© Ministère de la Culture (France), Direction Régionale des Affaires Culturelles de Normandie – Tous droits réservés
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vaquelotte Le Jacques, détail
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vaquelotte Le Jacques
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vaquelotte Le Jacques
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vaquelotte Le Jacques, vue partielle
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