Établissement de bains
Etablissement thermal et hôtel
Occitanie ; Hautes-Pyrénées (65) ; Beaucens ; Thermes (Route des), 17
Hautes-Pyrénées
Vallées des Gaves
Thermes (Route des), 17
2019 0B 0382
Isolé
1er quart 20e siècle
1912 ; 1922
Daté par source
Attribution par source
A cet endroit, le cadastre napoléonien figure des terres dotées de plusieurs constructions rurales vraisemblablement à vocation agricole. Les sources d’eau minérale de Motteville (nom provenant d’une dame d’honneur d’Anne d’Autriche ayant séjourné à Beaucens lors du mariage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz) et de la Fenêtre sont cependant connues sous la dénomination « aïgo salado » (eau salée) depuis au moins le 18e siècle pour leurs propriétés guérisseuses des pathologies rhumatologiques. A l’époque, le site est simplement équipé d’un bassin à ciel ouvert comme dans de nombreuses sources non exploitées économiquement. Bien qu’une première demande d’exploitation soit déposée en 1795, les eaux sont véritablement promues à partir de 1820 par le docteur Balancie qui fait construire en 1825 un premier établissement de bains aux proportions modestes, mêlant influences vernaculaires et néoclassiques (selon les conventions du thermalisme romantique) et doté de quatre baignoires en bois. Mais, tout au long du 19e siècle, Beaucens est surtout connu pour sa forteresse emblématique (actuel donjon des Aigles) stimulant les imaginaires romantiques et qui fait l’objet d’une riche iconographie. Au début du 20e siècle, le site exploitant les deux sources anciennes ainsi que la source de la Grange, jaillissant à 45 m, apparaît sous l’appellation « Le Hounsalade » (source salée). En 1912, un arrêté ministériel, renouvelé en 1942 et 1948, autorise l’exploitation et la vente des eaux des trois sources, ce qui favorise la reconstruction d’un établissement de plus grande envergure en contrebas des résurgences. A compter de 1911, les projets se multiplient déjà entre la Société des Eaux minérales de Beaucens (adjudicataire de la commune, administrée par Charles Cénac et dont le siège est Argelès) et l’architecte palois Jules-Antoine Noutary, qui édifie le majestueux bâtiment définitif combinant espaces thermaux et hôtellerie en 1912 et en projette des remaniements en 1922. L’exécution des travaux, ralentis durant la Première Guerre mondiale en raison de la mobilisation de nombreux ouvriers, est confiée par une procédure d’adjudication privée à l’entreprise paloise Peyroutou Frères pour la somme de 124.000 francs (sans compter les honoraires de l’architecte). Les carrelages en faïence de Maubeuge, éléments essentiels tant du point de vue hygiénique que décoratif, sont réalisés dans les cabines et les espaces publics par la société Bécot en 1918. Les travaux de sculpture en staff, finement ouvragés, sont effectués par le sculpteur toulousain Fourès en 1913 et 1914 pour 4.500 francs. Une réflexion particulière est en outre accordée aux productions de série concernant les baignoires émaillées ou le chauffage tandis que le complexe architectural s’insère dans un bucolique parc paysager à la mode anglaise. L’édifice, qui prend le nom d’Hôtel thermal de Beaucens, continue son activité au cours de la Première Guerre mondiale, où il accueille des soldats blessés en raison de la qualité de ses eaux, efficaces comme « expulsive des balles, cicatrisantes et anti-nerveuses », et de son confort moderne. D’ailleurs, les sociétés savantes, notamment médicales, encouragent alors vivement le développement de cette station hydrominérale prometteuse. Durant la Seconde Guerre mondiale, les installations subissent des dommages, ce qui incite le Service des Mines à imposer des travaux de nettoyage et de captage afin d’accorder le renouvellement d’exploitation demandé par la Compagnie des eaux minérales de Beaucens en 1949. Au cours des Trente glorieuses, l'édifice est doté d'une aile supplémentaire à l'arrière pour accroître ses capacités d'accueil tandis que ses décors intérieurs sont remaniés. L’établissement continue de fonctionner jusque dans les années 2000 aussi bien dans le domaine thermal qu’hôtelier.
Enduit ; moellon ; pierre de taille ; plâtre
Ardoise
Plan rectangulaire régulier
Étage de soubassement ; rez-de-chaussée surélevé ; 1 étage carré ; étage de comble
Élévation à travées ; élévation ordonnancée
Toit à longs pans
Implanté au coeur d'un parc paysager à l'anglaise encore bien lisible, l'édifice déploie trois ailes sur un plan en Y dont le centre de gravité accueille le hall d'entrée faisant également office de grand salon. Le soubassement est réservé aux espaces techniques, tandis que le rez-de-chaussée surélevé se compose notamment des cabines de bains réparties le long d'une galerie (selon les dispositions habituelles des établissements thermaux du 19e siècle) et que l'étage est destiné aux logements. Les élévations,faites d'un appareillage irrégulier de calcaire et couvertes d'ardoises locales, constituent un ensemble éclectique, comprenant les baies en plein-cintre (simples, doubles, voire triples) empruntées au vocabulaire néoclassique des thermes romantiques, mais aussi un travail de charpente inspiré de l'architecture anglo-normande en vogue dans les stations balnéaires et thermales de la fin du 19e au début du 20e siècle. Cette référence ici fait d'ailleurs la singularité de cet établissement thermal, qui se démarque donc des thermes romantiques ou orientalistes courants dans les Pyrénées. Le parti éclectique s'exprime également à travers quelques garde-corps et grilles de baies en fer forgé arborant les formes épurées caractéristiques du mouvement Art déco. Un soin particulier est accordé à la modénature dont les types de pierre et de mises en oeuvre sont diversifiés. Si les décors intérieurs originels ont été remplacés par des matériaux modernes dans la seconde moitié du 20e siècle, il subsiste cependant du projet initial l'organisation du plan mais aussi la spectaculaire ornementation de staff monochrome blanc du vestibule d'entrée, très bien conservée, se référant manifestement aux formes organiques de l'Art nouveau et constituant là encore une originalité et même la richesse de l'édifice.
Sculpture
Ornement végétal ; fleur ; feuillage
Architecture éclectique ; architecture anglo-normande ; architecture Art nouveau ; architecture Art déco
À signaler
Singulier exemple d'établissement thermal de style éclectique avec forte influence anglo-normande et décors Art nouveau remarquablement conservés dans le grand salon.
Propriété privée
2019
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Université de Pau et des Pays de l'Adour
2019
Delpech Viviane
Dossier individuel
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47