Cité ouvrière
Cité ouvrière des usines Grammont dite cité du Réveil
Auvergne-Rhône-Alpes ; Isère (38) ; Pont-de-Chéruy ; Réveil (rue du) ; Villette d'Anthon (chemin de)
Anciennement région de : Rhône-Alpes
Rhône-Alpes patrimoine industriel
Pont-de-Chéruy
Réveil (rue du) ; Villette d'Anthon (chemin de)
2005
En ville
Cité ouvrière
1er quart 20e siècle
1916
Daté par source
Les établissements Grammont sont créés en 1849 à Pont-de-Chéruy par Etienne-Claude Grammont. Il installe en effet des ateliers de tréfilage, fonderie, laminage à froid et à chaud sur les bords de la Bourde. En 1890, Alexandre, son fils, de retour des Etats-Unis est associé et développe la fabrication de matériels électriques. Dès 1916, une vague de migration arrive avec des Grecs de Turquie en 1916, puis des Grecs chassés d´Asie mineure par les Turcs, les Arméniens arrivent également à Pont-de-Chéruy entre 1923 et 1928, la cité du Réveil est construite à ce moment-là, ce bâtiment d'une grande longueur rythmé par une série de lucarnes, rappel l'architecture de bâtiment conventuel comme les chartreuses ou également le siège du Catholicos à Etchmiadzine en Arménie.En 1914, la Première Guerre mondiale offre l´occasion d´un développement spectaculaire de ces établissements en raison de l´effort de guerre. Cette entreprise créée en plein espace rural, va voir arriver à partir de 1916 une grande vague d´immigrés. Une nouvelle cité ouvrière est alors construite en 1916. Elle est localisée en périphérie de la commune. Appelée la cité du Réveil, le bâtiment du « Réveil » est un immeuble collectif dédié aux Grecs avec une annexe composée d’une église et d’une école grecque accolée. Le bâtiment d’habitation de la cité est construit début 1916 et compte 80 logements similaires de 25 m², pièce unique avec terrasse intérieure permettant le dédoublement de l'espace habitable, selon un module simple répété dans tout le bâtiment. Assez rapidement sera prévu deux bâtiments supplémentaires destinés à l'équipement collectif - une cuisine collective et un lavoir - respectivement en août et novembre 1916. Un projet de quartier est resté en suspens, non abouti. Un ensemble architectural réduit à un seul de ses éléments a été construit. Comme le décrit Cécile Zervudacki[1], le Réveil est le seul exemple de cet ensemble urbain à perdurer et à fonctionner de manière un peu autarcique, en surplomb des usines et qui attire de nouveaux arrivants. La population l'a adopté a fait de cette ébauche de quartier, de ce morceau de ville à part entière. De l'importance accordée à fonder là un lieu de culte avant tout aménagement de "confort", puis un lieu d'apprentissage de la langue grecque, interroge encore aujourd’hui. Le bâtiment longiligne sans début ni achèvement marqué, semble être "posé" dans un espace peu défini sinon par un chemin qu'il borde, le chemin de Villette d'Anthon à Pont-de-Chéruy, il n'en opère pas moins une centralité. A Charvieu/Pont-de-Chéruy, soit on ignore cette entité qui demeure un peu lointaine, soit on en parle comme d'une "enclave" grecque en terre du nord-Isère. Des Grecs de Turquie en 1916, puis des Grecs chassés d´Asie mineure par les Turcs, les Arméniens arrivent également à Pont-de-Chéruy entre 1923 et 1928, auxquels s´ajoutent des Italiens, des Espagnols puis des Polonais qui vont également être recrutés par des bureaux d´embauche dans leur pays même, des Russes et des populations de la toute récente Union Soviétique. Puis dans les années 50-65, ce sont les Grecs venus de Macédoine et l´émigration grecque vers les pays industrialisés et également des Maghrébins en majorité Algériens. La sauvegarde des archives de l´ancienne société Grammont devenue Tréfimétaux. Un projet de l'agglomération de Pont-de-Chéruy pour la valorisation du patrimoine industriel est un exemple intéressant. En effet, ce projet émerge parce qu'à la fin des années 1980 un ouvrier, Jean-Yves Saintsormy, affilié à la Confédération Générale des Travailleurs (CGT) de l'entreprise Tréfimétaux (ancienne société Grammont), est préoccupé par la disparition de la mémoire de cette usine : entre autres choses des documents photographiques et des archives papier de grande qualité. Avec d'autres collègues de la CGT, choisis par le comité d'entreprise, ils s'adressent dans un premier temps à l'Écomusée Nord Dauphiné, situé à trente kilomètres de la commune et fondé au début des années 1980. L'Écomusée va réaliser à partir de ces archives, trois expositions temporelles (1986, 1988, 1990) et quatre films. Le premier « Le patrimoine dans des affiches » était ambulant et montrait les images résultant des archives de la fabrique Grammont. Ce qui a permis aux anciens ouvriers de l'entreprise de retrouver et de transmettre une mémoire de cette entreprise. Le deuxième « Les Champs et des sirènes » a été projeté dans le château de Grammont ; il présentait les transformations sociales et économiques de l'agglomération pendant les 150 dernières années. Le troisième film, « Sur le fil de la connaissance » rendait compte des secteurs distincts d'activité dans l'agglomération d'aujourd'hui. Enfin, le dernier film "Boulevard des tréfileries" se rapportait aux mémoires des migrants par rapport au développement industriel de l'agglomération. En 2002, monsieur Jean-Yves Saintsorrny, toujours salarié de la société Tréfimétaux qui est sur le point de fermer, faisant partie également du comité d´entreprise, contacte le service de l´inventaire, pour l´informer qu´il reste dans cette usine une collection de plaques de verre photographiques (environ 2000) ainsi que des archives concernant les fichiers du personnel. Une première rencontre est organisée en février à laquelle se joingnent les archives départementales du Rhône et un chercheur au Cnrs du centre Pierre-Léon. Nous découvrons une très belle collection de plaques de verre qui nous renseigne sur les années 1915 à 1925 : comment ces archives racontent à la fois le souci de la mémoire et de la valorisation médiatique d´une politique sociale d´avant-garde de la société Grammont. Le fichier du personnel est tout aussi riche d´informations. Des fiches d´embauche correspondant à chaque personne recrutée par la société Grammont dès les années 1916, avec une photographie d´identité sur la plupart des fiches. Ce fichier rappelle le fichier du personnel du Creusot sur lequel a travaillé Thierry Bonnot ; cela correspond également à la même période, effort de guerre, avec venue de main-d´oeuvre étrangère (asiatique dans le cas du Creusot). Aujourd´hui une partie de ces archives se trouve à l´Ecomusée Le Creusot-Montceau (Saône-et-Loire) et une autre partie à la fondation Bourdon. Avec l´accord de monsieur Jean-Luc Marchand, chef des établissements Tréfimétaux, une autorisation de dépôt aux archives du département du Rhône est décidée, sous le numéro de série 158 J. La mémoire de l´immigration de cette agglomération, unique par sa richesse est sauvegardée et consultable par tous. [1] ZERVUDACKI (C.), Religion et urbanisme : à propos de la communauté grecque de Pont-de-Chéruy, Terrain n° 7, pp. 45-53, oct. 1986, p. 45-53.
Matériau synthétique en gros oeuvre
Tuile mécanique
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Le bâtiment d’habitation de la cité est construit début 1916. Il est toute en longueur et compte 80 logements similaires de 25 m² (pièce unique avec terrasse intérieure permettant le dédoublement de l'espace habitable), selon un module simple répété dans tout le bâtiment. Assez rapidement sera prévu deux bâtiments supplémentaires destinés à l'équipement collectif - une cuisine et un lavoir respectivement en août et novembre 1916.Une extension du bâti et la mise en place d'un véritable quartier est resté à l’état de projet : en janvier 1916 un plan titré "Le Réveil : plan de nouveaux bâtiments" propose un plan urbanisé, délimité par des bâtiments similaires à celui existant formant un rectangle sur trois côtés et contenant une "grande Place" arborisée, avec des jardins et l'aboutissement d'une avenue. En revanche sera construit un lieu de culte (église orthodoxe) et une école d’apprentissage de la langue grecque. Le bâtiment est construit sur la colline un peu en dehors accessible par un chemin qu'il borde strictement, le chemin de Villette d'Anthon à Pont-de-Chéruy, il reste un élément fort du paysage.Le projet de quartier comprenant un ensemble architectural sera réduit à un seul élément : le Réveil est le seul exemple de cet ensemble urbain à avoir été réalisé. D'autre part l'implantation des deux bâtiments jumelés de l’école et de l'église à proximité du bâtiment privilégie au moment du culte des rencontres avec le prêtre dans un logement dédié, situé le plus près de l’église. Ce lieu intermédiaire entre la population grecque et l'institution ecclésiastique fonctionne comme espace relationnel.
À signaler
Dossier en cours, travail en collaboration avec les AD Rhône (Maryse Dal Zotto), visite du site en 2005 avec les AD 69, le Larhar. Les archives de l'entreprise ont été transférées à la demande du DRH de l'entreprise aux ADRhône série 158 J. Une très belle collection de photos plaque de verre font partie de ces archives ainsi qu'un important fichier employé.
Propriété privée
2018
© Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel
2018
Halitim-Dubois Nadine
Dossier individuel
Région Auvergne-Rhône-Alpes - Centre de documentation du patrimoine - 59 boulevard Léon Jouhaux - CS 90706 – 63050 Clermont-Ferrand CEDEX 2 - 04.73.31.84.88