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Plateforme ouverte du patrimoine

Les maisons et fermes (Plouhinec-29)

Désignation

Dénomination de l'édifice

Maison ; ferme

Titre courant

Les maisons et fermes (Plouhinec-29)

Localisation

Localisation

Bretagne ; Finistère (29) ; Plouhinec

Aire d'étude pour le domaine Inventaire

Cap Sizun

Nombre d'édifices concernés par l'étude

362 repérés ; 15 étudiés

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

16e siècle ; 17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle

Description historique

La comparaison entre le cadastre de 1836 et le cadastre actuel montre que l’implantation des villages et leur structure n’ont pas tellement été impactées par les modifications des années 1960. Pourtant, les voies de communication, notamment le réseau des chemins qui reliaient les villages les uns aux autres, a été remanié en grande partie. De nouveaux chemins d’exploitations plus larges, en meilleur état et des voies goudronnées reliant les villages entre eux ou à la départementale ont en effet vu le jour au moment du remembrement. Même si de nombreuses constructions ont vu le jour entre 1836 et aujourd’hui (notamment autour des villages côtiers du sud-ouest de la commune - Poulgoazec, Lezarouan, Saint-Dreyer - qui forment aujourd’hui un réseau d’habitations ininterrompu…), l’enquête de terrain montre que le bâti ancien est extrêmement bien préservé.Précisons que le village de Keridreuff, dépendant à l’origine de Plouhinec, a été rattaché administrativement à Pont-Croix en 1948. Il est donc traité dans les dossiers liés à sa commune d’adoption.Le bâti ancien observé à Plouhinec concerne dans une écrasante majorité des constructions datant du milieu du 19e siècle. 77% des dates portées relevées concernent le 19e siècle avec une grande majorité située entre 1830 et 1875. Cette constatation témoigne du renouvellement profond et exceptionnellement homogène de l’habitat rural qui eut lieu dans tout le Cap-Sizun à ce moment. Il est cependant important de noter que l’habitat antérieur au 19e siècle est relativement bien représenté dans la commune en comparaison avec ses voisines du « Cap Profond ». Ainsi, 15% des dates relevées renvoient aux 16e, 17e et 18e siècles. Les plus anciennes sont portées sur les maisons d’armateurs et de marchands de Poulgoazec mais les écarts sont également pourvus de maisons plus anciennes (Keribou, Kerruc, Saint-Jean, Perros, Gorré, Kerouer…). Prenons comme exemple cette ferme étudiée à Kersiny portant la date de 1657 sur son logis ou ce puits repéré à Kerfreost daté de 1782.

Description

Matériaux du gros-œuvre

Granulite ; moellon ; granulite ; moellon ; enduit ; granulite ; pierre de taille

Commentaire descriptif de l'édifice

LE HAMEAULa commune est composée de deux zones géographiques aux caractéristiques relativement opposées. La partie sud, bordée des falaises et plages de la baie d’Audierne, est un terrain souvent pentu offert à tous les vents dont la végétation est assez rare sinon autour des habitations et dans de rares déclivités (vallon de Saint-They ou vallée du Fautec par exemple). La partie nord, quant à elle, est un plateau qui peut atteindre 100m d’altitude au niveau du bourg et qui descend brusquement au nord vers le Goyen et à l’est vers le ruisseau dit « Stang Bihan » qui marque la frontière avec Mahalon. C’est au nord-est de cette zone à majorité agricole que se trouve également l’étang de Poulguidou. Hormis une large zone inoccupée au nord du bourg, l’implantation des villages sur l’ensemble du territoire de la commune est malgré tout assez régulière. L’habitat est dispersé, en écarts plus ou moins importants. Bien que la majorité des villages étaient composés de trois à six unités d’habitation en 1836 (maisons ou fermes) comme à Kersiny, Brenilour, Keribou, Kerfreost ou Kerruc, il existe à Plouhinec un nombre non négligeable de fermes isolées : Treouzien, Meil Venec, Larenvoie, Kergroas, Kervagen, Meil Pors. Celles-ci sont parfois d’anciens manoirs ou d’anciens moulins à eau. Les villages plus importants, qui comportaient une dizaine de feux, ne sont pas en reste : Lesvoalic, Perros ou Kervennec. Mais la singularité de Plouhinec réside dans la présence de deux villages très importants, largement plus peuplés que le bourg et assez éloigné de celui-ci : Poulgoazec et Keridreuff. Du fait de cet éloignement, le premier (ainsi qu’une partie des villages qui l’entoure) est devenue une paroisse à part entière en 1926 et le second, comme cité plus haut, fut rattaché à Pont-Croix en 1948.MATÉRIAUXLe sous-sol de Plouhinec est presque entièrement granitique. Ce matériau d’extraction locale est utilisé dans la construction des bâtiments.Le moellon est utilisé pour le gros œuvre (pignons, élévation postérieure, dépendances) et l’usage de la pierre de taille est généralement limité aux chainages d’angles, bandeaux, corniche du toit, souches de cheminées et encadrement des baies. L’usage du moellon enduit était majoritaire sur les façades antérieures des logis.La pierre de taille, dont l’usage en façade de certains logis et dépendances (puits, crèches à cochon) est assez développé dans les communes de l’ouest du territoire, est ici quasiment absente sinon sur quelques maisons d’armateurs de Poulgoazec et certains rares logis de fermes observés à Saint-Dreyer, Kersiny ou Kerouer tous antérieurs au 19e siècle.Le moellon non enduit est de plus en plus visible en façade. En plus des rares maisons élevées en moellons sans volonté d’y poser un enduit (il s’agit ici de maisons antérieures au 19e siècle comme à Keribou, Gorré, Perros, Lambabu…), ces dernières décennies ont vu les propriétaires de maisons traditionnelles ôter l'enduit de leur façade dans un but exclusivement esthétique, motivés par un effet de mode (Lesvoualc’h, Lezarouan, Poulgoazec…)LA FERME ET SES BÂTIMENTSCommune à la fois rurale et maritime, la proportion entre fermes et maisons dites « de pêcheur » est à peu près équilibrée. Les maisons dites « de pêcheur » (40% des habitations repérées sur la commune) peuvent être parfois considérées comme de petites fermes. Elles présentent un logis sans étage et une ou deux petites dépendances en enfilade (grange, remise, étable, crèche à cochon…). Elles appartiennent généralement à un pêcheur, un artisan ou un manœuvrier, et l’activité agricole y est souvent d’appoint. La grande ferme, quant à elle, est un ensemble de dépendances variées, aux fonctions spécifiques, organisé autour d’un logis à étage. « Ici, étable, écurie, porcherie, grange, remise, fournil et puits sont dispersés autour de la cour. Celle-ci est soigneusement close de grands murs de pierre où s’expriment à la fois la nécessité de s’abriter du vent et le désir de s’isoler du voisinage. » (Toscer, Douard, 1979) L’écurie (Ti marchossi)Elle est dans la majorité des cas rencontrés en enfilade du logis avec quelque fois un véritable étage qui servait d’habitation (Kerouer). Une porte intérieure sur le pignon qui sépare les deux bâtiments permet d’y accéder rapidement. Le lien entre le logis et l’écurie est accentué par le fait que leur façade présente souvent le même décor.On peut encore observer à l’intérieur des anciennes écuries non rénovées un pavage en galets de mer sur champ en légère pente vers la porte. Ce système permettait une bonne évacuation des purins. D’autres galets, plus longs, ont été observés sortant de la maçonnerie, à l’intérieur de la dépendance. Ces derniers servaient à suspendre le collier et les éléments du harnachement du cheval.L’étable (Ti zaout)Moins soignée que l’écurie, cette dépendance indispensable pour abriter les vaches et produire le précieux fumier est en moellons et ne porte pas de décor particulier. Elle peut se trouver dans l’alignement principal ou isolée dans la cour formant parfois clôture. Certaines fermes en possèdent plusieurs.De taille variable, elles ne peuvent pas accueillir plus de deux ou trois vaches dans leur version la plus simple. Leur façade la plus courante présente trois baies : une porte au centre entourée de deux petites fenêtres plus larges que hautes. Elle n’est jamais enduite. A l’intérieur, très peu d’aménagements sont visibles sinon les nombreux trous d’attaches qui étaient disposées dans la maçonnerie. Ces trous sont de petites cavités aménagées dans le mur où l’on coince une pierre allongée : soit un galet (Kerfreost, Saint-Dreyer), soit un moellon (Kerruc). Notons la présence, dans une ferme à Kerfreost, de plusieurs pondoirs aménagés dans un mur de l’étable. Les crèche à cochonsLes crèches à cochons de Plouhinec, comme celles de tout le Cap-Sizun, sont de petits bâtiments, généralement composés d'un niveau et isolés du logis. (Notons une exception observée à Kersandy où la crèche à cochons est intégrée à l'alignement principal, contre le pignon ouest du logis).Chaque cochon possède sa propre cellule présentant une porte basse associée à une mangeoire. Elles sont séparées, à l’intérieur du bâtiment, par des cloisons en bois ou faites de pierres dressées. La longueur du bâtiment est déterminée par le nombre de ces cellules. Elles en possèdent généralement 2 ou 3.L’utilisation systématique d’une mangeoire, dite louarn (renard (?) dans le Cap-Sizun, est caractéristique du pays. L’ouverture, surmontée d’un linteau droit ou en arc surbaissé, permet de verser directement la bouillie au cochon dans sa crèche sans avoir à y rentrer. La nourriture est guidée par une pierre inclinée et se déverse dans une auge en pierre incorporée à la maçonnerie et accessible de l’intérieur. Elles sont de temps en temps associées à un petit poulailler (Kerdréal) reconnaissable par son jour avec appui saillant et larmier qui permettait la circulation des poules. A Kerfreost, Lesvoualc’h et Kerlarnec des crèches à cochons ont été observées avec un toit en pierres. Dans le premier cas, le bâtiment, signalé comme « crèche à pourceaux » en 1760 et transformé plus tard en four à pain, présente un toit à deux pans en pierres vouté à l’intérieur et une porte charretière mais pas de mangeoires (un bâtiment identique a été observé dans le village voisin de Kerdréal). Dans les autres cas, le bâtiment est bien plus petit et présente un toit en appentis (Lesvoualc’h) ou à deux pans (Kerlarnec) également fait de pierres. A Lesvoualc’h, l’élévation antérieure présente une porte basse et une ouverture faite de deux pierres posées côte à côte qui servait de mangeoire. Un autre bâtiment de ce type a été photographié en 1970 mais n’a pas été retrouvé en 2020.A Keribou, on peut observer un ancien cul-de-four transformé en crèche pour un cochon avec porte et mangeoire.La grangeCe bâtiment, qui servait à ranger la charrette, le char à banc, divers engins agricoles et éventuellement le pressoir à cidre, est appelé ti kar ou kaludi. Il possède une porte charretière rectangulaire dont l’ouverture est en plein cintre pour les plus anciennes, puis en arc surbaissé pour finir en arc segmentaire (Toscer, Douard, 1979). On observe également quelques linteaux droits en bois, en pierre ou en matériaux en réemploi (rail de chemin de fer, poteau électrique).La grange peut être intégrée à l’ali gnement principal comme à Lezarouan, Saint-Dreyer ou Gorré. Dans ce cas, la porte charretière se trouve en façade. Mais il est généralement indépendant et la porte charretière se trouve soit sur le pignon (Kerdréal, Perros, Trebeuzec, Saint-Dreyer…) soit en façade (Kersandy). Ce dernier cas étant plus rare.Les murs sont montés en moellons de granite souvent bruts. Le fournil, la maison à four (Ti forn)Il s’agit généralement d’un bâtiment aux murs en moellons et toit à longs pans qui accueille un cul-de-four sur l’un de ses pignons (Keribou, Trohonan, Kerruc, Lezarouan, Gorré, Roz Danielou…).Le cul-de-four montre un intérieur soigneusement vouté en pierres de tailles et un extérieur en moellon avec dans certains cas une couverture en mottes de terre sur laquelle pousse la végétation. On observe également, comme c’est le cas à Kerruc et Lezarouan, un toit en pierres. La gueule du four peut présenter plusieurs formes d’ouverture et se trouve au fond de l’âtre d’une cheminée dans lequel est aménagée une niche qui permettait de récupérer la cendre qui sera réutilisée pour la lessive.Les renfoncements observés sur les murs de deux fournils observés à Keribou et Trohonan peuvent faire penser que ceux-ci servaient également de buanderie. Ils contenaient très certainement chacun une cuve à lessive (« bib ») se trouvant à proximité immédiate de la cheminée.Le puitsAssocié à une ferme (Kerruc, Keribou, Kerouer, Saint-Dreyer…) ou une maison (Kersiny, Kerouan, Bremoder), le puits est soit accolé au logis, soit isolé dans la cour, soit intégré à la maçonnerie d’un bâtiment.Dans les deux premiers cas, il s’agit majoritairement d’un édicule en moellons de granite de section carrée protégé par un toit pyramidal surmonté d’une sorte de boule plus ou moins ronde (an ado puns, l’aiguille du puits). Le puits de l’ancienne ferme de Treouzien présente une maçonnerie en pierres de taille avec deux ouvertures aménagées face à face, une corniche du toit moulurée et une aiguille particulièrement soignée (avant que celle-ci ait disparu).Notons l’existence exceptionnelle de deux puits de section circulaire dépendant de deux fermes voisines (Kerfreost et Phlibéré). Ces puits non couverts sont maçonnés en pierres de taille et très soignés dans leurs moulures. C’est assez exceptionnel car les autres puits de ce type ont été observés uniquement dans les cours des manoirs du territoire (Lezurec, Lescongar, Menez Bras, Menez Bihan, Tremaria, etc.).Généralement le puits extérieur est associé à une auge monolithe utilisée comme abreuvoir posée contre lui ou à proximité (Lambabu). Le cas du puits du Gorré est particulier car il est accompagné d’un système de quatre auges monolithes empilées sur trois niveaux permettant en un seul geste de remplir deux abreuvoirs contigus et ainsi faire boire plus de bêtes en un seul geste.Les puits observés dans la cour d’anciennes fermes de Keribou, Lesvoualc’h ou Kerdréal sont de simples trous maçonnés recouverts d’une pierre ou d’une construction récente. Y a t’il déjà eu à un moment un édicule pour les protéger ?La troisième configuration, plus rare, est le puits intégré à la maçonnerie de la maison. Un seul a été observé sur la commune, mais cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’un cas unique. Il se trouve intégré au mur nord d’une ferme de Kerruc, juste en face de la porte d’entrée et son ouverture est tournée vers l’intérieur de la maison.LES LOGISMalgré de nombreuses petites variations, ce qui frappe quand on observe les habitations de la commune, c’est la grande uniformité aussi bien dans l’architecture que dans l’aménagement intérieur. Ces deux aspects de l’habitat sont d’ailleurs profondément connectés.Exceptés un certain nombre d’exemples observés entre autres à Trohonan, Kerruc, Kerouer, Trebeuzec, Poulgoazec ou Lezarouan, le logis est majoritairement exposé au sud. Dans tous les cas, sa fonction d’habitat est bien séparée de la fonction agricole des autres bâtiments.Les élévations postérieures des logis sont rarement percées sauf si une dépendance en appentis s’y trouve accolée. Il s’agit du "ti lëz", la maison du lait ou crèmerie, aménagée au nord pour plus de fraicheur (Keribou, Kergoz).Les façades antérieures des logis sont très stéréotypées : on peut déterminer trois schémas principaux qui peuvent s’assortir de quelques variantes : la maison sans étage, la maison sans étage avec comble à surcroit et la maison à étage. La maison à une ou deux pièces en rez-de-chaussée (53% des maisons recensées)A Poulgoazec, Kersiny ou Mesperleuc, on peut observer de petites maisons à pièce unique sans étage appelées penti, soit « maison à un bout ». Il s’agit ici du plus petit type d’habitation présent sur la commune. Ce « bout » est en fait la pièce commune que l’on retrouve dans toutes les maisons de Plouhinec et du Cap-Sizun en général. La famille y mange, se réchauffe et dort. L’élévation de la petite maison sans étage, soit l’élévation de la salle commune du Cap-Sizun est la suivante : une porte, une fenêtre qui éclaire la table et un jour qui éclaire l’arrière cuisine. Cette succession de trois baies de taille décroissante se retrouve dans la plupart des logis traditionnels de la commune.Il arrive que les petits logis sans étage aient deux pièces. Dans ce cas, une quatrième baie, de la taille de la fenêtre qui éclaire la table est ouverte de l’autre côté de la porte. Cette dernière éclaire un cellier ou un petit débarras. Cette variante du logis à pièce unique se rencontre souvent dans l’habitat côtier, dont les parties agricoles sont peu développées voire absentes. Il s’agit du type d’habitat le plus rencontré à Plouhinec. Appelées « maisons de pêcheurs », on trouve logiquement la plus grande concentration de ces habitations dans les villages proches de la côte mais les villages du nord de la commune n’en sont pas pour autant dépourvus (Trebeuzec, Lesvoalic, Saint-Jean…).Mais cette élévation correspond également aux fermes plus anciennes qui n’ont pas été impactées par le renouvellement du bâti du 19e siècle (Kersiny, Gorré, Perros…).La maison à deux pièces en rez-de-chaussée avec comble à surcroit éclairé par des jours ou des lucarnes (7,5% des maisons recensées)Peu représentatif de l’habitat de Plouhinec, ce type de logis ressemble beaucoup au penti vu précédemment. La différence majeure est la hauteur des combles. Le plancher des combles de ce type d’habitation est en effet situé en-dessous du faîte des murs et le volume de comble utilisable est ainsi plus important. Quand des jours d’aération sont ouverts, ils le sont généralement au-dessus des ouvertures du rez-de-chaussée, formant ainsi des travées régulières (Keribou, Saint-Dreyer, Bremoder…).On rencontre au sud de Saint-Dreyer deux maisons présentant un comble à surcroit éclairé par deux lucarnes passantes. L’une d’elle possède plusieurs dépendances agricoles dont une crèche accolée au logis et un puits. Les lucarnes, ici, sont positionnées en travées au-dessus des deux fenêtres principales du rez-de-chaussée. La maison à étage carré et généralement deux pièces par étage (38% des maisons recensées)Ce type d’habitat est le plus représentatif des villages agricoles de la commune, aussi bien dans le nord que dans le sud. Le rez-de-chaussée est composé de quatre ou cinq ouvertures : la porte d’entrée au milieu, deux fenêtres qui l’encadrent et un ou deux jours entre celles-ci et les pignons. L’étage, lui, est ouvert en façade par trois à cinq fenêtres. Les maisons à étage de Plouhinec se répartissent donc en deux types principaux : les élévations à travées (trois ou cinq) et les élévations en quinconce.La proportion de maisons à élévation en quinconce est faible (13% des maisons à étage repérées). Elle consiste en une alternance de pleins et de vides : cinq baies au rez-de-chaussée pour quatre fenêtres à l’étage (Kersiny (en ruines), Lesvoualc’h, Locquéran…).L’élévation à trois travées est le type le plus fréquent, environ trois maisons à étage sur quat e présente cette façade : trois fenêtres sont ouvertes à l’étage au-dessus de la porte d’entrée et des deux fenêtres qui l’encadrent (Dregan, Keribou, Kerruc...). L’élévation à cinq travées est plus rare et semble être réservée aux fermes les plus importantes (Phlibéré, Kerdréal, Perros…).Les efforts de symétrie n’aboutissent pas toujours et quelques rares maisons proposent des élévations irrégulières comme à Lambabu. Mais ici, il s’agit probablement d’un rehaussement de la façade.Le rythme horizontal des maisons à étage est parfois accentué par la présence d’un bandeau saillant en pierres de taille situé entre les deux niveaux d’habitation. Ce dernier, souvent répété sous la corniche du toit, se détache fortement sur les enduits (Kerruc, Kerdréal, Phlibéré, Kerfreost...).Les chainages d’angles et encadrements des baies, toujours harpés et en pierres de taille renforcent cette impression de géométrie parfois austère surtout lorsque la façade est enduite. Notons que l’on rencontre aux villages de Trebeuzec ou Kervennec une variante du type à étage peu représentée sur la commune : la maison à étage carré et une pièce par étage. Dans les deux cas, l’élévation est constituée de deux travées.Les décorsBien que régularité et fonctionnalisme semblent être les principes qui régissent cette architecture, certains éléments ornementaux viennent parfois compléter les compositions décrites plus haut. Les inscriptions gravées au-dessus des ouvertures (nom des bâtisseurs, de leurs enfants ou signes religieux) en sont l’élément le plus caractéristique. Celles-ci, très présentes sur les maisons à étage, sont plutôt rares sur les petites maisons en rez-de-chaussée. Les marques d’artisans ont peu été observées, mais on peut noter tout de même la présence d’un marteau et de tenailles, outils emblématiques du forgeron, sur le logis de Meil Venec.On peut aussi considérer comme éléments de décor les corniches du toit et les souches de cheminées toutes deux bien appareillées en pierres de taille et moulurées selon différents motifs.Les corniches du toit du logis peuvent se prolonger aux dépendances attenantes. Bien qu’ayant la fonction d’empêcher les infiltrations d’eau dans les murs, elles sont également très décoratives qu’elles soient moulurées en cavet (une grande majorité), en doucine ou en quart de rond. Les souches de cheminées observées sur la commune, quant à elles, proposent plusieurs décors : les plus anciennes présentent une « baguette » au deux tiers de leur hauteur. Elles peuvent être très simples (Poulgoazec, Lambabu, Lesvoualc’h, Saint-Dreyer...), ou soigneusement moulurées (Gorré, Lezarouan). Sur les maisons du début du 19e siècle, les souches de cheminées sont coiffées par une corniche moulurée en « talon renversé » alors qu’à partir de la seconde moitié de ce même siècle, celles-ci sont chanfreinées. Elles portent parfois un cadran solaire (Gorret, Lesvoualc’h…). Un calice sculpté en relief a également été observé à la base de l’une d’elles à Kerdréal. Toujours dans la représentation religieuse, on peut également remarquer la présence d’une niche à saint au-dessus de la porte d’entrée de certaines fermes de la commune (Kerfreost, Kersandy, Gorré, Perros (grange)…) ainsi que des pierres représentant une croix monumentale sur socle stylisée sur des maisons de Kerouer ou Keribou.Niches et éviers murauxOn observe de nombreuses niches murales dans les habitations traditionnelles de la commune. Elles se trouvent autour de la cheminée (dans l’âtre ou au niveau du jour qui éclaire l’arrière cuisine) ou sur le mur sud où elles servaient à placer le pot de chambre du lit-clos.Les éviers muraux sont plus rares, certains ont été observés à Kerruc, Dregan, Kerouer, Gorré, Kerfreost ou Keribou. Ils sont généralement positionnés à l’endroit de l’arrière cuisine, intégrés dans la maçonnerie du mur au niveau du sol. Ils permettent la vaisselle et sont accompagnés dans tous les cas observés d’étagères en pierres. ÉVOLUTION DE L'HABITAT RURAL ENTRE 1981 ET 2020Les quarante années d’écart entre les deux enquêtes d’inventaire permettent de mettre en relief certaines tendances concernant l’évolution de l’habitat rural sur la commune.Outre les restaurations ou les destructions (peu nombreuses) observées en 2018, on remarque que la façon d’habiter une maison traditionnelle a évolué ces dernières décennies - surtout à partir des années 1970 - apportant lumière et augmentation de la surface habitable et ce à des fins de confort. Amener de la lumièreMême si l’on remarque une tendance à l’agrandissement au courant du 19e siècle, les ouvertures des maisons traditionnelles de Plouhinec sont de dimensions plutôt réduites. Ajoutons à cela que pour se préserver de l’humidité et du fait de l’absence de soleil, la façade nord est aveugle. Le premier constat est que les baies de la façade antérieure ont été de parfois largement agrandies. Le jour ouvert au niveau de l’arrière-cuisine montre désormais sur certaines maisons des dimensions égales à celles de la fenêtre qui éclairait la table, quand ils n’ont pas été transformés en porte ou tout simplement ont disparu (Lesvoualc’h, Kersigneau…). La fenêtre de la table a également pu être agrandie dans certains cas, ainsi que les fenêtres de l’étage (Menez Dregan, Kerdréal…).Dans le modèle architectural traditionnel, les combles sont aveugles, même si l’on peut remarquer de temps en temps deux jours en pignon pour l’aération. Aujourd’hui, ceux-ci sont habités pour la plupart, surtout dans le cas des penti. La tendance actuelle est donc d’y percer des ouvertures pour apporter un maximum de lumière. Aujourd’hui, la création de lucarnes et de vasistas est devenue courante (Kersiny, Bremoder…).Une troisième solution pour rendre l’intérieur de la maison plus lumineux a été observé sur la commune : la création d’une mezzanine alliée à des ouvertures importantes sur le pan nord du toit. Selon les propriétaires rencontrés ayant opté pour cette solution, tous s’accordent pour dire qu’elle offre deux avantages : la lumière du nord est douce et constante et ce système ne dénature pas la façade.La plupart des maisons ont également vu leurs speurn disparaitre (cloisons en bois délimitant les pièces). Le décloisonnement permet en effet une meilleure circulation de la lumière et donne par la même occasion une impression de volume plus important. Gagner en volumeLa maison traditionnelle du Cap-Sizun a été conçue autour d’une pièce commune destinée à abriter toute la famille qui servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger, de salle de bain, etc. Les pratiques ainsi que le mobilier ont évolué et les pièces des maisons se sont spécialisées. L’enjeu depuis des décennies est de trouver dans ces maisons la place pour toutes ces « nouvelles » pièces et nouveaux meubles. Cet enjeu est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de maisons élémentaires.Une première solution consiste à surélever la maison en y ajoutant un étage. L’une d'elles a été observée à Saint-Dreyer. Une autre consiste à gagner de la hauteur sous plafond en surélevant le plancher de l’étage (ou l’enlever dans certains cas) ou en décaissant le sol du rez-de-chaussée.Mais la manière la plus courante et la plus efficace pour gagner du volume et aménager de nouvelles pièces à vivre c’est de remanier les dépendances agricoles, notamment l’écurie attenante. En effet, lorsqu’elle a été remaniée, cette dépendance est aujourd’hui majoritairement transformée en cuisine. Placards, éviers, table à manger, lave-vaisselle ont remplacé ici les stalles, auges à piler la lande et animaux.Les crèches à cochons, du fait de leur petite taille, peuvent servir de débarras ou d’atelier. Les granges et étables sont plus volumineux. Certains d’entre eux sont même devenus des habitations à part entière : résidences principales secondaires ou gîtes ruraux.

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

1983

Date de rédaction de la notice

1984 ; 2020

Noms des rédacteurs de la notice et du dossier

Toscer Catherine ; Douard Christelle ; Serre Fabien

Typologie du dossier

Dossier collectif

Adresse du dossier Inventaire

Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35