Architecture industrielle ; usine ; usine de produits chimiques ; usine d'engrais
Usine de superphosphates de la Cie des engrais du Berry
Centre-Val de Loire ; Eure-et-Loir (28) ; Les Villages-Vovéens ; allée Saint-Mémain
Anciennement commune de : Voves
Saint-Mémain (allée)
20e siècle
20e siècle
1925 ; 1929
Bourg au cœur de la Beauce, Voves est au point de croisement de plusieurs lignes ferroviaires, qui irriguent un territoire connu pour l'importance de l'agriculture céréalière dans son économie. Employés comme engrais à partir du dernier quart du XIXe siècle, les phosphates connaissent un second essor entre les deux guerres, grâce à l'exploitation des gisements d'Afrique du Nord. La Compagnie des Phosphates de Constantine lance ainsi la construction de trois usines à Voves, Issoudun (Indre) et Mondeville (Calvados) destinées à la transformation du minerai. L'architecte Albert Laprade, grand nom de l’architecture française et alors notamment connu pour ses réalisations au Maroc, est chargé de la conception de ces usines en association avec le castelroussin Jean Varaine.
Terminé en 1929, l'établissement de Voves comprend également une petite cité d'habitation au nord-est de l'usine, constituée de seize logements regroupés deux à deux, et de la maison du directeur. Construites suivant des conceptions économiques, ces maisons aux toits couverts de tuiles mécaniques sont dénuées de toute ornementation. Une habitation supplémentaire, destinée au gardien, se trouvait jadis à l'entrée de l'usine. La transformation du minerai en engrais utilisable pour l'agriculture nécessite plusieurs étapes, chacune étant menée dans un bâtiment spécifique. Les édifices abritant les fours à pyrites et les cuves d'acide sulfurique ayant été détruits, le site de Voves ne présente plus que la tour des fours à superphosphates, et des halles de stockage. Dominant les environs avec ses trente mètres de hauteur, la tour des fours possède une ossature de poteaux et poutres en ciment armé, la grille ainsi formée étant close par un remplissage en brique. Une voûte en berceau coiffe le bâtiment ; un même type de couvrement est utilisé pour les halles qui flanquent la tour à l'est et à l'ouest. La grande halle, au sud de la tour, couvre une surface de plus de 1 000 m² ; sa toiture de béton a été doublée par un capotage métallique.
Aujourd'hui très dégradée, l'usine de Voves rend non seulement compte d'un pan de l'histoire économique de la Beauce, mais aussi des possibilités d'application des techniques de construction modernes à des programmes industriels : elle est contemporaine des halles à marchandises et des hangars à dirigeables réalisés par Eugène Freyssinet et Auguste Perret. Architecte prolifique, Albert Laprade exprime résolument sa sensibilité moderniste par l'expression de la structure et du matériau brut, sans négliger le caractère monumental de la construction.
2016
2020
La Manufacture du Patrimoine
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