Architecture religieuse ; édifice religieux ; édifice religieux chrétien ; église
Église Saint-Jean
Centre-Val de Loire ; Cher (18) ; Bourges ; 23 rue Jean-Moulin
Jean-Moulin (rue) 23
20e siècle
20e siècle
1964-1966
À l’instar de nombre de villes françaises, les Trente Glorieuses sont marquées à Bourges par l’expansion territoriale de la commune, sous la pression d’une forte croissance démographique. Pour y répondre, la municipalité planifie l’aménagement d’une Z.U.P. au nord de la ville. Le quartier de La Chancellerie sort de terre en 1959. En 1964, l’architecte Guy-Stanislas Pison (1905-1986), architecte-conseil auprès du ministre de la Reconstruction, auteur du plan d’urbanisme de La Chancellerie, est alors sollicité pour dessiner l’église paroissiale destinée à ce nouveau quartier. Le bâtiment, élaboré en collaboration avec Jacques Mansiat.
Implantée au cœur du quartier, au carrefour de l’avenue de la Libération et des rues Jean-Moulin et Gustave-Eiffel, l’église Saint-Jean se signale dans le paysage urbain par le dessin d’inspiration classique de sa façade. Les ondulations du mur évoquent les colonnes d’un temple gréco-romain. Cette parenté est renforcée par la forme du toit simulant un fronton et la volée de marches conduisant à l’entrée de l’église, à la manière d’un podium. L’emploi du béton brut de décoffrage et d’une charpente métallique permet de traiter les ouvertures avec une certaine liberté. Sur la façade principale, chaque alvéole est incisée d’une mince lancette de verre blanc. Les façades latérales présentent des baies plus larges dont deux vitraux en pavés de verre coloré des Ateliers Gouffault. A l’instar de nombre d’églises édifiées dans les années 1960, la lumière joue un rôle essentiel dans la composition d’une ambiance propre à la pratique religieuse, renforcée par la sobriété des matériaux. Métal et béton permettent, en outre, d’assouplir la forme rectangulaire du plan de l’église qui, pincée sur les côtés, prend l’aspect d’un sablier. A l’intérieur, ce dessin singulier sert le dispositif liturgique en concentrant le regard sur l’autel placé au cœur de l’édifice et de part et d’autre duquel sont placés les fidèles dans un espace unifié. Un presbytère et des espaces dédiés à la vie paroissiale sont disposés autour d’un patio mitoyen de l’église.
L’église paroissiale Saint-Jean illustre la rupture esthétique insufflée par le concile Vatican II (1962-1965) dans la conception des lieux de culte. L’édifice se signale dans le paysage urbain et constitue un véritable monument public pour le nouveau quartier. Le plan met l’accent sur la position centrale de l’autel autour duquel se placent les fidèles, à la manière de l’église du Sacré-Cœur de Caen réalisée en 1960 par Pison dont l’église Saint-Jean est copie fidèle. Résolument inscrite dans les pratiques de son époque de construction par l’emploi du béton brut de décoffrage, l’architecture de l’église Saint-Jean joue sur la sobriété esthétique pour accompagner la dévotion, dans l’esprit de réforme qui imprègne l’Église catholique dans la seconde moitié du XXe siècle.
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