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Plateforme ouverte du patrimoine

Saint Jean-Baptiste

Identification du bien culturel

N°Inventaire

96.1.25

Domaine

Titre

Saint Jean-Baptiste

Auteur

Précision auteur

Entourage du sculpteur Guillem Sagrera (1397-1454)

Période de création

Matériaux - techniques

Mesures

H. 173 cm ; l. 63 cm ; E. 55 cm ; VOLUM. 0,5994

Contexte historique

Genèse

"Ces travaux achevés, l'église fut dédiée à saint Jean Baptiste. Une statue de cette époque, en pierre fine et de ce saint, a été trouvée, bien dégradée, sous un vieil autel en pierre dans les anciens fonds baptismaux, placés alors dans la dernière travée ouest du petit bas-côté de gauche ou nord. Cette statue avait la tête dorée, son manteau peint en vert d'eau et en rouge, sa peau de mouton couleur marron. Il ne reste plus que de faibles traces de la dorure et des couleurs, celles-ci avaient été appliquées à la colle. Quant au style de cette statue, il était du meilleur goût. On la devait sans doute à la munificence du Gaillard de la Mothe, devenu cardinal de Sainte-Luce, et de son oncle, Bertrand de Goth, pape", Raymond Guinaudie, Histoire de Libourne, Tome premier, Deuxième édition, 1876, p. 394.

Historique

En s’appuyant sur l’observation de modèles proches (mèches torsadées, drapés profondément creusés, etc.), il convient de placer cette sculpture au début du xve siècle. Cette proposition de datation est dès lors à rapprocher d’un événement historique survenu à Libourne en 1427. Cette année-là, un tremblement de terre secoua la ville, endommageant l’église Saint-Jean-Baptiste et son clocher. Quatre ans plus tard, le nouvel archevêque de Bordeaux, Pey Berland (v.1370-1458) – dont on sait qu’il encourageait les décors des édifices du diocèse –, se rendit à Libourne (1431), sans doute pour consacrer les travaux de l’église. Le Baptiste bénéficia-t-il de sa générosité ? Les archives sont hélas muettes, comme elles le sont également au sujet de la date à laquelle il fut désolidarisé du portail. De son côté, la restauratrice Tiziana Mazzoni confirme que la sculpture a été exposée aux agressions pluviales et thermiques, sur un temps long, certainement supérieur à un siècle. Il est aussi possible d’imaginer que, faute d’entretien, le Saint Jean, usé par les intempéries, ait fini par choir de lui-même, dans l’indifférence totale. Mais il est aussi vraisemblable que le vandalisme – guerres de religions - ait pu être responsable de sa mutilation. Quoi qu’il en soit, par son style, sa taille et l’albâtre dans lequel elle est sculptée, probablement d’origine espagnole, la sculpture reste remarquable. Tombée au sol, mutilée, la statue fut remisée derrière un vieil autel des fonts baptismaux avant que d’être retrouvée en 1845, lors des travaux de reconstruction de l’église. Elle fut cédée au musée qui, à son tour, l’oublia… jusqu’à ce qu’elle réapparaisse dans les années 1930. De nouveau oubliée, elle fut retrouvée dans les années 2000. La restauration de la sculpture a permis de révéler des traces de polychromie : or dans les boucles de cheveux et de la barbe, rose sur le visage, bleu-vert et rouge pour le vêtement. Preuve est donc faite que l’église Saint-Jean-Baptiste avait sa façade peinte durant la période gothique. Le visage de Jean-Baptiste, traité dans un souci de réalisme, s’impose à son tour comme un véritable portrait. Barbes et moustaches sont parfaitement symétriques et percées au trépan. Les yeux sont plutôt globuleux et les pommettes hautes et saillantes. Le saint est représenté frontalement, vêtu d’une peau de chameau, attribut érémitique bien visible sur l’épaule droite. Dans sa main gauche, il portait très probablement l’agneau christique. Mais l’animal a disparu, comme les mains et pieds du saint. Cette sculpture du gothique international montre que des pérégrinations incessantes, durant tout le Moyen Âge, ont pu faciliter la circulation des idées, des hommes et des formes. On pourrait tenter de l’attribuer à l’entourage du sculpteur Guillem Sagrera (1397 – 1454), décorateur de la Porte du Mirador de la cathédrale saint Jean de Palma de Majorque (1422). C’est donc une convergence de données culturelles, appropriées au mysticisme chrétien, qui est attestée à travers notre sculpture. On peut aussi établir des comparaisons stylistiques avec les sculptures du portail occidental de l'église Saint Pierre de Bordeaux (vers 1420-1430). On peut comparer notamment le traitement des yeux, ainsi que celui des barbes et des cheveux à boucles serrées, munies d'un trou de trépan au centre. On peut aussi comparer l'oeuvre de Libourne avec les sculptures des clefs pendantes de la chapelle Notre-Dame de la Rose de Saint-Seurin de Bordeaux (1427-1444), également en albâtre. Il pourrait alors s'agir de sculpteurs français, voire même peut-être bordelais, car on ne retrouve pas ce style ailleurs en France.

Lieu de création/utilisation

Espagne, France ? (lieu de création)

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, don manuel, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie

Date acquisition

1845

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