POP

Plateforme ouverte du patrimoine

Le Château-Gaillard et la place des Andelys

Identification du bien culturel

N°Inventaire

90.10.1

Domaine

Dénomination

Titre

Le Château-Gaillard et la place des Andelys

Précision auteur

Vallotton Félix : Lausanne, 1865 ; Paris, 1925 ; nationalité : Suisse

Période de création

Millésime de création

1924

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 100 ; Largeur en cm 73 ; Hauteur avec cadre en cm 110 ; Largeur avec cadre en cm 83,6

Précisions inscriptions

En bas à gauche : F.Vallotton 24 [1924] ; Sur l'objet : au dos ; Sur l'objet

Description

Huile sur toile. ; Représentation de la forteresse de Château-Gaillard aux Andelys vue en contrebas, depuis la petite rue qui entoure l'église Saint-Sauveur.Maison au badigeon jaune au centre, deux piétons dont l'un avec un chien. Ce tableau peut a priori ressembler à un paysage exact des Andelys. Il s’agit en réalité d’un paysage dit « recomposé », terme employé par Félix Vallotton pour qualifier les paysages qu’il peint à partir de 1901-1902 à Locquirec, en Bretagne, et à Honfleur, et dont il a fait sa spécialité. A partir de 1909, Vallotton et sa famille passent leurs étés à la villa « Beaulieu », à Honfleur. Malgré les nombreux amis de passage et la tension familiale, le peintre profite d’un vaste atelier aménagé dans une ancienne grange. C’est là qu’il élabore définitivement et radicalement sa conception synthétique du paysage. Il écrit : « Je rêve d’une peinture dégagée de tout respect littéral de la nature, je voudrais reconstituer des paysages sur le seul secours de l’émotion qu’ils m’ont causée, quelques grandes lignes évocatrices, un ou deux détails choisis, sans superstition d’exactitude d’heure ou d’éclairage ». Il travaillera, jusqu’à la fin de sa vie, à ce rêve. L’objectif principal est de traquer la permanence de la nature, de l’être, de l’observé dans le cadre rigoureux de la forme et du trait. Le fugitif lui est insupportable. Il prend donc de la distance par rapport à la réalité, supprime les détails superflus, au profit des grandes formes, des contours précis et de l’immobile, stylise et repousse l’anecdotique, à la recherche du calme, de la sérénité, de l’ordre et de l’équilibre qu’il admirait chez Holbein ou Ingres . Pour les ombres et les lumières, sans doute influencé par son travail de xylogravure, il travaille sur des contrastes violents et une délimitation nette des plages. A partir d'émotions ressenties sur place, Félix Vallotton médite un paysage, l'élabore à partir d'une documentation et de croquis réalisés sur place. Si on compare le tableau avec la réalité et avec le croquis préparatoire élaboré pour cette œuvre, on comprend comment le peintre a procédé : il conserve chaque élément avec ses caractéristiques mais les comprime pour remplir le champ défini. Ici, la monumentalité du château, en réalité petit et éloigné, est ainsi accentuée. Il observe exactement la réalité qu’il transforme déjà dans l’esquisse. Ses croquis, détaillés, annotés d’un code chiffré pour les couleurs, sur de minuscules carnets achetés pour un sou. Tout y est posé : délimitations, zones d’ombres et de lumière. Dans le calme de son atelier, à l’abri du motif, il transcrit ensuite en couleurs. Celles-ci, appliquées finement, lisses mais couvrantes, sans dégradé, sont traitées d’une manière très particulière. Aucune illusion de perspective aérienne : les couleurs sont aussi intenses à l’arrière-plan qu’au premier. Par leur traitement, elles accentuent les contours simplificateurs et sont choisies librement ; cette liberté par rapport aux couleurs naturelles est directement héritée des Nabis tout comme les aplats et la stylisation des volumes. Par sa technique, il modifie totalement les effets de perspective, de cadrage et de composition. Le choix iconographique, entre plissement géologique et édifice médiéval, vient renforcer le souci de permanence et d’universalité exprimé par Félix Vallotton, au rebours du fugace de l’Impressionnisme. Cette œuvre de maturité, caractérisée par son rendu irréel, est très représentative du paysage « recomposé » de Vallotton et constitue une synthèse des expériences passées. Le peintre y exprime une vision intérieure et personnelle de la réalité dont le traitement abstrait contribue à la modernité.

Sujet représenté

Les Andelys ; château ; maison ; colline

Contexte historique

Historique

oeuvre de la série des "paysages composés"réalisés après observation et séances en atelier

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, achat avec participation du FRAM, Vernon, musée Alphonse-Georges Poulain

Date acquisition

1990 acquis

Ancienne appartenance

Collection privée (Ancienne collection J.Rodriguès Henriquès. Achat après arrêt en douane,à Paris, avec l'aide du F.R.A.M.)

Informations complémentaires

Exposition

cat.expo."F.Vallotton"Munich 1995, Essen,1996, n°94 "Félix Vallotton", Lyon (69) (Musée des Beaux-Arts - Palais Saint-Pierre à Lyon de février à mai 2001 puis au musée Cantini à Marseille de juin à septembre 2001)

Bibliographie

"F.Vallotton",Marina Ducrey,Edita Lausanne,1989, p.52, analyse détaillée.

Le Château-Gaillard et la place des Andelys_0