Ra 363 ; 30371 (Ancien numéro)
type de l'"Artémis" d'Ariccia
Athéna ; Statuette de déesse drapée (ancienne désignation)
Hauteur en cm 39 ; Largeur en cm 17 ; Profondeur en cm 10
Cette figure féminine, que l’on peut dater du IIe siècle, est une œuvre romaine qui reprend les caractéristiques d’ une création grecque, plus précisément attique, malheureusement disparue, de la seconde moitié du Ve siècle avant J.-C. Parmi les exemplaires conservés de ce type statuaire, le plus célèbre est une statue, haute de 2,86 mètres, sur une plinthe de 30 cm, reconnue comme une représentation de la déesse Artémis. Découverte à Ariccia (Latium), elle est conservée à Rome, au Palazzo Massimo alle Terme. Seule Brunilde Sismondo Ridgway émit l’hypothèse que l’Artémis d’Ariccia ne dépendrait pas d’une création grecque mais caractériserait plutôt le courant artistique classicisant, privilégié par des ateliers implantés à Rome. Ces derniers, on le sait, tout en s’inspirant de la plastique hellénique, furent effectivement à l’origine d’une série d’œuvres qui suivaient, en matière d’esthétique, des courants à caractère rétrospectif. C’est cependant vers les années 440 avant J.-C. que les chercheurs se sont très majoritairement tournés afin de comprendre la source de la grande effigie exposée à Rome. Une source que partage par conséquent l’exemplaire toulousain. L’œuvre mise au jour à Ariccia en 1919 et fut associée à Artémis en raison du lieu de sa découverte, non loin du grand complexe religieux dédié à la déesse latine Diane, dite Aricine (Aricina), équivalente dans ses fonctions à la déesse grecque, sœur jumelle d’Apollon. Mais c’est d’une très riche villa que provient la sculpture, et non du sanctuaire. L’œuvre qui proviendrait d’Auch et qui appartint à la famille d’Ayrens, selon Alexandre Du Mège, fut donc mise au jour bien avant la monumentale statue du Latium. Il ne faut donc pas s’étonner si conservateurs successifs du musée de Toulouse et savants ne la relièrent pas au type statuaire revenu dans les Monts Albains. La statuette est acéphale. De la chevelure demeure le long chignon tressé retombant dans le dos. La déesse se tient droite et seule la jambe gauche est légèrement avancée. Le vêtement grec est constitué d’un péplos, ouvert le long du côté droit, ceinturé à la taille, formant un large pli latéral et maintenu, sur les épaules, par des fibules. De ces deux accessoires vestimentaires, permettant la fermeture du vêtement, seul celui situé à droite est visible, l’épaule gauche étant couverte d’un manteau. Celui-ci est enroulé et ramené transversalement dans le dos et maintenu par le bras droit, replié, dont l’avant-bras, disparu, était originellement fixé par un tenon. Du bras droit, disposé le long du corps, ne reste que la partie supérieure, le reste d’un tenon, au-dessus du coude, témoignant encore une fois d’un avant-bras originellement rapporté. À l’exemple de la statue colossale mise au jour à Ariccia, les jambes, qui se devinent sous le péplos, sont trop courtes par rapport au buste. Cette disproportion a été expliquée par l’éventuel mode d’exposition de la statue grecque originale, certainement en bronze, installée « sur un socle élevé, dans une abside au fond d’une salle à caractère vraisemblablement cultuel, où la divinité pouvait émerger de la pénombre et dominer l’espace dans toute sa puissance expressive, uniquement visible de face » (De Lachenal 1979, p. 162). Destinée à un contexte indubitablement très différent, ne nécessitant pas le même genre de théâtralisation, la grande « Artémis » d’Ariccia, comme l’œuvre du musée Saint-Raymond, avaient été adaptées à une destination non plus cultuelle mais simplement décorative. L’exemplaire du musée Saint-Raymond, par son format considérablement réduit, était sans aucun doute parfaitement adapté à une niche aménagée dans l’une des pièces de réception d’une riche demeure auscitaine. La statuette reprend du modèle grec la rigidité verticale des plis inférieurs du péplos qui s’opposent franchement au jeu du tissu bouffant de part et d’autre de la ceinture comme aux rabats de la partie inférieure du vêtement, formant une série de sinuosité complexes. La sécheresse de la statue découverte à Ariccia, inhérente à sa monumentalité, apparaît ici largement estompée. Malgré les épaufrures nombreuses et les différentes altérations, l’exemplaire toulousain fait en effet preuve d’un plus grand naturel, d’une sensibilité soutenue par l’atténuation de la raideur générale ressentie face à son parallèle romain et l’impression d’une souplesse du vêtement, certainement facilitée par son format auquel s’adjoint la teinte ocre et chaleureuse du marbre. Pascal Capus
objet en rapport
Réplique d'un original grec de 440 av. J.-C. environ, parfois attribué au sculpteur Crésilas. ; en rapport avec : Statue d’Héra/ Artémis (?), dite « Artémis d’Ariccia », inv. 80941 oeuvre de comparaison
Europe, France, Occitanie, Gers, Auch (lieu de découverte)
Faussement attribuée à la villa de Chiragan par Léon Joulin.
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Collection privée, D'ayrens
Marbres cachés, musée Saint-Raymond, Toulouse, 20/06/2001 - 16/09/2001 Marbres cachés, musée archéologique de Gijon, 03/08/2006 - 14/01/2007 Marbres cachés, musée de Bram , 01/07/2008 - 15/12/2008 Des Ausques aux Auscitains, 15 ans d'archéologie urbaine en pays d'Auch, 01/06/2021
Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (p. 68, n° 118) Léon Joulin, "Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane" dans Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1ère série, tome XI, 1ère partie, Paris, 1901 (p. 98, n° 146, et pl. XI, n° 146) Emile Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908 (p. 51, n° 928) Rachou, Henri, Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, Editions Privat, 1912 (p. 145, n° 363. Rachou n'y reconnaît qu'une "statuette de femme".) Picard (Charles), Manuel d'archéologie grecque : la sculpture, II, période classique, Ve siècle, Paris, 1939 (p. 611-613, fig. 245-246) De Lachenal Lucilla, « IV,1. Statua colossale femminile in peplo : c.d. Artemis di Ariccia (inv. n. 80941 », in Museo Nazionale Romano. Le sculture, A. Giuliano (dir.), I, 8, Rome, 1979, , p. 160-166, fig. et bibliographie Slavazzi (Fabrizio), Italia Verius quam provincia. Diffusione e funzioni delle copie di sculture greche, nella Gallia Narbonensis, Edizioni Scientifiche Italiane, Naples, 1996, (p. 39, 40, 184 (n° 25, fig. 26)) Raeder J., Die Antiken Skulpturen in Petworth House (West Sussex), Monumenta Artis Romanae - Corpus Signorum Imperii Romani. Great Britain. Ill, 28, p. 47, n° 2, Mayence, 2000 Marbres cachés, Toulouse, musée Saint-Raymond, 2001, (n° 28)