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Portrait d'une femme de la famille royale des Lagides (ou Ptolémées) d'Egypte : Cléopâtre V Tryphène ? ; Portrait de Cléopâtre V Tryphène

Identification du bien culturel

N°Inventaire

Ra 80 ; 30137 (Ancien numéro) ; 277 B (Numéro Joulin)

Dénomination

Titre

Portrait d'une femme de la famille royale des Lagides (ou Ptolémées) d'Egypte : Cléopâtre V Tryphène ? ; Portrait de Cléopâtre V Tryphène

Période de création

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 32 ; Hauteur tête en cm 25 ; Largeur en cm 21 ; Profondeur en cm 24

Description

Considérée depuis le début du XXe siècle comme un portrait romain occidental en raison du lieu dont on la croyait issue, cette tête avait pourtant fait, dans le catalogue de 1835 et sous la plume d'Alexandre du Mège, l'objet de conjectures plus exactes. Le conservateur du Musée des Antiques, qui l'avait intégrée aux collections de celui-ci, en connaissait la véritable provenance, oubliée par ses successeurs. Il avait bien pensé pour cette raison à " l'une des épouses des Lagides ". Mais, ayant confronté ses traits aux images qu'il connaissait alors de celles-ci, il avait douté de cette identification et admis qu'elle ne représentait " peut-être qu'une femme inconnue ". Il était toutefois heureux d'avoir avec ce portrait enrichi le musée d'une œuvre " précieuse en ce qu'elle vient d'une contrée où les productions de l'art grec sont peu communes ". Souvent décrié par ses successeurs et par de nombreux chercheurs, parce que, le plus souvent, ceux-ci n'ont pas lu ou ont faussement contesté ses écrits, Alexandre du Mège avait pourtant indiqué la bonne piste pour l'interprétation de cette belle tête. Il nous est donc loisible de comprendre la surprise d'Ines Jucker, qui ne connaissait par la notice de Du Mège, lorsqu'elle vit pour la première fois cette tête exposée par erreur comme une sculpture provenant de la villa de Chiragan. Spécialiste de l'époque ptolémaïque, elle y reconnut immédiatement les caractéristiques de certains portraits des souverains lagides. Parmi celles-ci sont les deux plans d'attente grossièrement travaillés au sommet du crâne et sur la nuque sur lesquels était appliquée une autre matière (probablement du stuc) dans laquelle le sculpteur avait achevé la représentation de la chevelure. Comme l'indique la partie sculptée dans le marbre, ces cheveux était divisés par une raie médiane. La jonction entre les deux matériaux était dissimulée par le diadème royal dont un creusement dans le marbre garde sans doute la trace. La tête devait être fixée sur une statue également faite d'un autre matériau (bois ou stuc ?). La rareté du marbre blanc en Égypte - qui l'importait - justifie qu'on l'ait réservé à la réalisation des visages de statues dont les autres éléments étaient en bois et stuc peints. Dites acrolithes pour cette raison, ces statues furent fréquentes dans l'art de l'Égypte hellénistique. Allongé, avec des joues lisses et peu saillantes, le visage a des traits peu expressifs, bien que son profil révèle une certaine beauté. Le nez, aux narines bien marquées, long et droit, forme un angle assez marqué avec le front, proéminent. Une petite bouche à la lèvre inférieure plus charnue que la supérieure donne peut-être un air hautain à la face étroite et immobile. Cette femme d'âge moyen a été jugée rude, presque masculine, austère et inaccessible par Ines Jucker. Elle y a vu la distance qui sied à la descendante " d'une famille de vieille noblesse " et a proposé de l'identifier avec Cléopâtre V Tryphène (" qui aime banqueter "), sœur et épouse de Ptolémée XII Aulète (" joueur de flûte ") qui régna sur les pays du Nil de 80 à 58 puis de 55 à 51 avant J.-C. Elle lui a également trouvé une ressemblance avec le célèbre portrait de Cléopâtre VII la Grande de l'Altes Museum (Staatliche Museen de Berlin) qu'expliquent bien le lien de parenté entre les deux femmes, la mère et la fille, mais aussi certains traits communs à de plus nombreux membres de la dynastie des Lagides. Dans ce dernier cas, ceux-ci, plus qu'une marque de la réalité des visages, seraient celle d'une sorte de stéréotype généré par la volonté de fixer une image monarchique bien lisible, expression d'un culte dynastique développé pendant plusieurs siècles. En l'absence d'une comparaison avec un portrait vraiment sûr de Cléopâtre V, une reine lagide mal connue (dont on a parfois fait l'une des sœurs de la grande Cléopâtre plutôt que la mère), l'identification du portrait du musée Saint-Raymond demeure hypothétique, même s'il est bien l'un des derniers de la longue royauté hellénistique des Ptolémées. Daniel Cazes, 2003

Contexte historique

Découverte / collecte

Afrique, Afrique du Nord, Egypte (Basse Egypte, lieu de découverte)

Précisions découverte

Faussement attribué par Léon Joulin, Emile Espérandieu et Henri Rachou à la villa de Chiragan, sur le bord de la Garonne, et même, une deuxième fois par É. Espérandieu à la région de Castres (Saint-Jean-de-Magreperbeyres), cette tête provient en fait de Basse-Égypte. Elle a été rapportée en France par le général Charles François Joseph Dugua (1744-1802) qui l'acquit pendant la campagne de Napoléon en Égypte. Après avoir fait partie de son cabinet d'antiquités égyptiennes, elle est entrée vers 1830 dans les collections du Musée des Antiques de Toulouse.

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, achat, Toulouse, musée Saint-Raymond

Date acquisition

1830 acquis

Ancienne appartenance

Collection privée, Dugua Charles François Joseph (Le général Dugua, mort en 1802, participa à la campagne d'Egypte avec Napoléon (1798-1801). La, il fut gouverneur de la province de Mansourah et commandant du Caire. Selon Du Mège, cette sculpture, trouvée en Basse-Egypte, fut alors acquise par Dugua. Ancien cabinet d'antiquités égyptiennes du général Charles François Joseph Dugua (1744-1802) qui acquit la tête pendant la campagne de Napoléon en Egypte (1798-1801). Entrée au musée vers 1830.)

Informations complémentaires

Exposition

Le regard de Rome, museu nacional arqueoliogic, Tarragone, 31/03/1995 - 18/06/1995 Le regard de Rome, muséo nacional de arte Romano, Mérida, 07/07/1995 - 24/09/1995 Le regard de Rome, musée saint-Raymond, Toulouse, 13/10/1995 - 31/12/1995 Le regard de Rome, Rome, 09/02/1996 - 24/04/1996 Marbres cachés, musée Saint-Raymond, Toulouse, 20/06/2001 - 16/09/2001 Périple méditerranéen, musée Saint-Raymond, Toulouse, 28/11/2003 - 04/04/2004 Périple méditerranéen, musée archéologique de Tarragone, 04/2005 - 08/2005 Périple méditerranéen, musée archéologique de Barcelone, 09/2005 - 01/2006 Marbres cachés, musée archéologique de Gijon, 03/08/2006 - 14/01/2007 Marbres cachés, musée du Biterrois, Béziers, 22/06/2009 - 20/09/2009

Bibliographie

Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (p. 133-134, n° 28) Du Mège (Alexandre), Description du Musée des Antiques de Toulouse, catalogue manuscrit, Paris, 1844, (f° 388) Léon Joulin, "Les établissements gallo-romains de la plaine de Martres-Tolosane" dans Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1ère série, tome XI, 1ère partie, Paris, 1901 (p. 119, n° 277 et pl. XIX : n° 277 b) Emile Espérandieu, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908 (p. 87-88, n° 995 et p. 415, n° 1643) Henri Rachou, Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, Editions Privat, 1912 (p. 51, n° 80) Toulouse et l'Antiquité retrouvée au XVIIIe siècle, exposition, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 8 juin-27 août 1989 (p. 47) Jucker (Ines), "Die Ptolemäerin von Toulouse", dans Hefte des Archäologischen Seminars der Universität Bern (HASB), 13, 1990, (p. 9-15 et pl. 1 à 6) Article "Musée saint-Raymond, Cléopâtre cette inconnue", La dépêche du Midi, 3 août 1993. Le regard de Rome. Exposition Tarragone, Mérida, Toulouse et Rome, 1995, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 1995 (p. 110, n° 72) Laronde (A.) et Queyrel (F.), "Un nouveau portrait de Ptolémée III à Apollonia de Cyrénaïque", dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Compte-rendu des séances de l'année 2001, avril-juin, Paris, 2001, (p. 752-754, 779) Catalogue d'exposition Marbres cachés, Toulouse, musée Saint-Raymond, 2001, (p. 10, n° 3) Higgs (Peter), Ressembling Cleopatra : Cleopatra VII's portraits in the context of late hellenistic female portraiturein Cleopatra Reassesses, The British Museum Occasional paper Number 103, Ed. by Susan Walker and Sally-Ann Ashton, British Museum, Londres, 2003. (p.63-64, fig. 7) Périple méditerranéen. Antiquités d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse. Exposition, musée Saint-Raymond, Toulouse, 2003 (p. 87-89, n° 169) Jean-Charles Balty et Daniel Cazes, Sculptures antiques de Chiragan (Martres-Tolosane) : 1 : Les portraits romains, 1.1 Epoque julio-claudienne, Toulouse, Musée Saint-Raymond, 2005 (p. 50, fig. 22 et 23 et p. 197, fig. 110)

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