2003.2.1
Le prêtre couché
Longueur en cm 49 ; Hauteur en cm 29 ; Epaisseur en cm 10
Marquage numéro d'inventaire : dessous non vu
Ce relief appartient à une catégorie de documents qui imite les hauts-reliefs funéraires ornant les exèdres des hypogées et tours funéraires de Palmyre ; mais, à la différence de ceux-ci, on ne sait au juste où ils étaient placés. En beaucoup plus faible relief, ils sont aussi bien moins imposants. Les plus soignés sont pourvus d'un cadre mouluré (rang de perles et doucine ornée de feuilles d'eau, voire oves et fers de lance)1; mais il en existe de plus modestes qui en sont, comme ici, dépourvus2. Souvent aussi, le personnage étendu sur le matelas d'un lit de banquet est accompagné, à gauche, d'un personnage plus petit : l'homme sera avec sa femme3 ou avec un jeune serviteur4, la femme avec une servante5. Deux exemplaires au moins, toujours dans la catégorie des reliefs moulurés, mettent en scène des prêtres, coiffés du mortier caractéristique complété d'une couronne : l'un d'eux est à Copenhague6; l'autre à Kansas City7. C'est également un prêtre que figure le relief de Toulouse. Le personnage est étendu sur le matelas richement orné d'une klinè*, le coude gauche appuyé sur un coussin, dans la position caractéristique du banquet couché oriental, la jambe gauche passée sous la jambe droite légèrement ramenée vers le corps8, il tient dans la main gauche un skyphos ; le bras droit est étendu le long du corps, la main posée sur le genou droit. Coiffé du haut mortier cylindrique des prêtres, ici rehaussé d'une couronne de laurier à gros cabochon central, vêtu d'un long kaftan brodé passé sur des pantalons bouffants, eux-mêmes serrés dans de courtes bottes souples, le personnage a la tête et le regard tournés vers le spectateur. À ses pieds, une amphore repose sur un socle cubique orné sur sa face antérieure d'une rosace. La manière de tenir le skyphos avec le majeur et l'annulaire repliés contre le vase est tout à fait caractéristique des banquets palmyréniens. Caractéristique aussi de la manière de faire des sculpteurs palmyréniens est la " gaufrure " de la panse de l'amphore, que l'on retrouve sur des coupes9 ou des skyphoi10. Au nombre des détails iconographiques repris d'un exemplaire à l'autre, on notera également le rebord droit du kaftan, replié en une pointe triangulaire le long de la cuisse droite. En lieu et place d'un personnage secondaire, placé à gauche du " banqueteur " et toujours nettement plus petit que lui, le relief de Toulouse présente, on l'a vu, une amphore - qui doit être en relation avec le banquet ; on retrouve divers ustensiles de ce genre entre les pieds de certaines klinai11. Les reliefs de ce type, réalisés à l'imitation des hauts-reliefs des hypogées et tours funéraires, semblent n'être apparus qu'à la fin du IIe siècle12, voire après 200 de notre ère13 et datent tous des trois premiers quarts du IIIe siècle après J.-C. C'est donc la date qu'il conviendra d'adopter aussi pour le relief de Toulouse. Une inscription, parfois dans un cartouche, peut être placée dans le champ14. Notre relief présente à cet endroit un traitement très particulier et, à première vue, surprenant du fond du relief travaillé à la gradine : a-t-on voulu, au moment de sa découverte, effacer une inscription de ce genre pour empêcher de retrouver l'origine précise de l'oeuvre (c'est-à-dire le tombeau d'une famille déterminée) ? Ou est-ce la trace de fixation d'une mince couche de plâtre destinée à lisser le fond du relief pour mieux y appliquer une couche de peinture ? Il est impossible de le dire en l'attente d'une analyse qui permettrait de déceler, à cet égard, une altération moderne de la surface antique de la plaque. Notes 1. Cf. COLLEDGE, 1976, fig. 98, 107 et 109 ; VERMEULE, 1981, pl. 334-335 ; SADURSKA et BOUNNI, 1991, nos 13-14 et 193 ; Moi, Zénobie, 2001, no 149. 2. Cf. au Musée du Louvre, DENTZER et FEYDY, 1993, nos 175 et 180, également reproduits par COLLEDGE, 1976, fig. 61-62 ; voire à Damas, Moi, Zénobie, 2001, no 255. 3. Cf. les deux reliefs, déjà cités, du Louvre. 4. Cf. au Louvre à nouveau, no 201 du catalogue cité ; mais surtout le très bel exemplaire mis au jour par la mission archéologique polonaise en 1963-1964, aujourd'hui au musée de Palmyre, inv. 2216/7882 ; COLLEDGE, 1976, fig. 109, et les deux reliefs de Kansas City et Cleveland ; VERMEULE, 1981, pl. 334-335, tous trois indiscutablement sortis du même atelier, sinon ayant appartenu à la même tombe. 5. Cf. COLLEDGE, 1976, fig. 107. 6. Glyptothèque Ny Carlsberg, inv. 1159, COLLEDGE, 1976, fig. 98. 7. Inv. 65.2, VERMEULE, 1981, pl. 334. 8. Cf. DENTZER, 1982. 9. VERMEULE, 1981, pl. 335 ; SADURSKA et BOUNNI, 1994, nos 120, 153 et 231. 10. COLLEDGE, 1976, fig. 98. 11. Cf. sur le relief d'une collection particulière, COLLEDGE, 1976, fig. 105. 12. SADURSKA et BOUNNI, 1994, p. 20. 13. COLLEDGE, 1976, p. 78. 14. Cf. les deux exemplaires du Louvre, DENTZER et FEYDY, 1993, nos 175 et 180 et celui de Damas, Land des Baal, 1982, no 255. Jean Charles Balty, 2003
Asie, Proche-Orient, Syrie, Palmyre (Palmyre - site non identifié, lieu de découverte)
propriété de la commune, achat en vente publique, Toulouse, musée Saint-Raymond
2003 acquis
Collection privée, Liban (Collectionneur libanais depuis 15 ans) ; Hôtel des ventes de Toulouse
Périple méditerranéen, musée Saint-Raymond, Toulouse, 28/11/2003 - 04/04/2004 Périple méditerranéen, musée archéologique de Tarragone, 04/2005 - 08/2005 Périple méditerranéen, musée archéologique de Barcelone, 09/2005 - 01/2006
Périple méditerranéen. Antiquités d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse. Exposition, musée Saint-Raymond, Toulouse, 2003 (p. 130-132, n° 226)