POP

Plateforme ouverte du patrimoine

La Reine de Palmyre

Identification du bien culturel

N°Inventaire

25948 ; 11458 (Ancien numéro)

Dénomination

Titre

La Reine de Palmyre

Période de création

Matériaux - techniques

Mesures

Hauteur en cm 54 ; Largeur en cm 44 ; Epaisseur en cm 17,5

Précisions inscriptions

Sur l'objet : sur le côté gauche de l'œuvre, au feutre noir

Description

Comme des centaines d'autres dans les nécropoles ou le musée de Palmyre et dans de nombreuses collections publiques ou privées de par le monde, cette plaque était destinée à fermer le petit côté du loculus d'un tombeau, qu'il s'agisse d'un de ces tombeaux-tours si caractéristiques des abords de la ville, d'un hypogée ou d'un temple funéraire. Ainsi qu'il se fait le plus souvent, la défunte est figurée en buste ; son nom n'est pas inscrit sur la plaque. Tête et torse se détachent sur une étoffe à l'arrière, fixée à deux rosaces à six pétales, auxquelles sont attachées deux palmes, légèrement recourbées vers le personnage. Cette tenture, ou parapetasma, n'est pas propre aux représentations palmyréniennes ; on la retrouve, à Rome, sur le couvercle de plusieurs sarcophages, également associée aux portraits des défunts. Elle a été très diversement interprétée : pour les uns (1), elle marquerait, tout comme la porte de nombreuses urnes et sarcophages, la séparation entre le monde des vivants et celui des morts ; pour d'autres (2) elle renverrait à l'" appareil " rituel des funérailles, probablement relatif au banquet funèbre […]. Les palmes en tous cas s'explique[raie]nt aisément par leur fonction prophylactique, par l'effet de bon augure que l'on attendait ailleurs des rameaux verts " ; pour d'autres encore (3) elle représenterait, selon une " croyance […] populaire dans l'Orient sémitique et égyptien " dont se font l'écho tant le Livre d'Enoch que les apocryphes chrétiens (grecs et coptes), " le vêtement glorieux dont l'âme sera enveloppée pour entrer au céleste séjour ", alors même que " la double palme est l'insigne de la victoire conquise sur la puissance hostile du Trépas ". Symbole funéraire, quoi qu'il en soit, et peut-être symbole d'immortalité, elle apparaît seule, avec les palmes - et sans image du défunt, mais parfois avec son nom -, sur les stèles les plus anciennes de la nécropole de Palmyre, que l'on s'accorde à dater du Ier siècle de notre ère ; on la retrouve, toujours sur des stèles, masquant le bas du corps du défunt. De nombreuses plaques de fermeture de loculi, à figurations tant masculines que féminines, la disposent de préférence comme ici, à l'arrière du buste du personnage représenté. Vêtue d'une tunique sans manches (chiton) et d'un ample manteau, agrafé sur l'épaule gauche par une grosse fibule circulaire et dont ne dépassent que les avant-bras, la femme écarte de la main gauche le voile qui recouvre sa tête et enveloppe le manteau. Ce geste, dit de la Pudicitia (du nom de la personnification romaine de la Pudicité, de la Pudeur, figurée en effet dans cette attitude), est sans doute à rapprocher de celui qui apparaît déjà sur les stèle féminines attiques des Ve et IVe siècles avant J.-C. et connote la réserve, la retenue de la femme - et généralement de la femme mariée. Sur d'autres plaques, quenouille et fuseau dans les mains de la défunte insistent, de la même manière, sur les vertus domestiques de l'épouse ; sur quelques autres encore, c'est son rôle de mère de famille qui est mis en évidence par l'adjonction de jeunes enfants disposés dans le champ du relief. Le geste de la main droite qui maintient en place le manteau à hauteur du coude gauche, que la position verticale du bras gauche risquait de faire glisser, se retrouve sur plusieurs reliefs (4) ; mais souvent la main gauche est portée au visage (5) et parfois la droite vient se placer sous le coude gauche (6), retrouvant une position, certes toute naturelle, que l'Antiquité gréco-romaine a généralement associée à l'image de Pénélope et très souvent reproduite, dans les arts figurés, depuis la fin de l'époque archaïque ; geste d'attente prolongée, d'incertitude devant l'avenir, il convenait parfaitement aussi à ces Palmyréniennes des tombeaux de l'oasis. On notera, sur la tunique, au-dessus du sein droit, le dessin caractéristique d'un fin décor brodé " en pointe de flèche "(7) que présentent aussi certains portraits du Fayoum. Moins richement parée que certaines Palmyréniennes de ces plaques de tombeaux, la femme de l'exemplaire toulousain n'a certes rien d'une " reine de Palmyre " : un bandeau frontal, sous la coiffe, emprisonne la plus grande partie des cheveux (dont ne s'échappent que de longues mèches sur les tempes) ; des boucles d'oreille, deux colliers et une bague à l'annulaire, relativement simples les uns et les autres, complètent la parure ; la fibule et le bandeau sont seuls détaillés avec quelque recherche ; aucun bracelet n'orne les poignets - ce qui est plutôt rare dans le cas de femmes portant une tunique aux manches larges, ou sans manches. La chevelure peignée en larges bandeaux ondés sur les tempes caractérise une série de portraits que quelques exemplaires datés ou attribuables à des familles dont on peut suivre le développement sur plusieurs générations autorisent à placer dans la seconde moitié du IIe ou la première moitié du IIIe siècle après J.-C. ; le relief de Toulouse date plus vraisemblablement de cette deuxième période. Pour cette coiffure précisément et la relative sobriété de la parure, pour le geste du bras droit, l'extrême frontalité de toute la figure, le plissé assez plat du vêtement mais aussi divers détails de facture - dont le modelé sommaire des bras et des mains -, on le rapprochera d'une plaque de l'hypogée de la famille d'Artaban, datée des années 200-220 après J.-C.(8) et surtout d'une de celles du Louvre (9) ; ce n'est certes pas l'œuvre d'un même sculpteur, mais il sort peut-être du même atelier que cette dernière. Ce portrait de femme, somme toute assez stéréotypé, ne présente guère de traits individualisés. Production de série assez médiocre, il n'en est pas moins, en dehors des musées syriens (Damas et Palmyre) et de quelques grandes collections comme celles de Copenhague ou du Louvre, un intéressant exemple de ces plaques de fermeture des loculi de la nécropole qui nous laissent entrevoir tout un pan de la population de l'oasis. Comme il a été signalé ci-dessus, le relief est malheureusement anépigraphe, ce qui empêche de le rattacher à l'un ou l'autre des grands tombeaux identifiés à ce jour. Notes 1. PARLASCA, 1976, p. 41 ; cf. DENTZER-FEYDY, 1993, p. 76-77. 2. SEYRIG, 1936, p. 137-140. 3. CUMONT, 1942, p. 476 et n° 5. 4. Cf. au Musée du Louvre, DENTZER-FEYDY, 1993, nos 170, 173 et 199 ; inversé : SADURSKA et BOUNNI, 1994, nos 124, 128, 141 et 214. 5. DENTZER-FEYDY, 1993, nos 169 et 181, l'index tendu contre la joue : SADURSKA et BOUNNI, 1994, nos 74, 173, 214, 217 et 218. 6. COLLEDGE, 1976, fig. 107 ; Land des Baal, 1982, n° 178 = Moi, Zénobie reine de Palmyre, 2001, n° 255. 7. Cf. SCHMIDT-COLINET, STAUFFER et AL-AS'AD, 2000, p. 42, nos 150-152 et pl. 49 a-b. 8. SADURSKA et BOUNNI, 1994, n° 36, p. 34-35 et fig. 178. 9. DENTZER-FEYDY, 1993, n° 173. Jean Charles Balty, Périple méditerranéen,2003

Contexte historique

Utilisation / Destination

Découverte / collecte

Asie, Proche-Orient, Syrie, Palmyre (Palmyre - site non identifié, lieu de découverte)

Informations juridiques

Statut juridique

propriété de la commune, don manuel, Toulouse, musée Saint-Raymond

Date acquisition

1940 acquis

Ancienne appartenance

Collection privée, Delmas ; Delmas veuve

Informations complémentaires

Exposition

Périple méditerranéen, musée Saint-Raymond, Toulouse, 28/11/2003 - 04/04/2004 Périple méditerranéen, musée archéologique de Tarragone, 04/2005 - 08/2005 Périple méditerranéen, musée archéologique de Barcelone, 09/2005 - 01/2006

Bibliographie

Frézouls (E.), dans Agenda Beaux-Arts 1973, éditions Arthaud. Pierron (Jacques), "Relief funéraire provenant de Palmyre" dans Le Jardin des Antiques, Bulletin de l'Association des Amis du Musée Saint-Raymond, Toulouse, n° 8, mars 1992, p. 7-9 et planche photo. (p. 7-9) Périple méditerranéen. Antiquités d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse. Exposition, musée Saint-Raymond, Toulouse, 2003 (p. 128-130, n° 225)

La Reine de Palmyre_0