Ra 220 ; 31081 (Ancien numéro)
Autel votif dédié à la Mère des dieux par Aulus Flavius Athenio
Hauteur en cm 75, 7 ; Largeur base en cm 46,9 ; Largeur corps en cm 38,5 ; Profondeur base en cm 38 ; Profondeur corps en cm 38,5
dédicace (Latin), corps : MATRI DEVM / A. FLAVIVS / ATHENIO / EX VOTO / SABINAE SABINI F / VXSORIS, Matri deum, / A(ulus) Flavius / Athenio / ex voto / Sabinae, Sabini f(iliae), / uxsoris., traduction : A la Mère des dieux, Aulus Flavius Athenio, à la suite du voeu de son épouse Sabina, fille de Sabinus. (trad. L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°44)
Cet autel constitue le seul témoignage épigraphique d'un culte oriental, celui de Cybèle, appelée la « mère des Dieux » dans les Pyrénées centrales. Le dédicant, Aulus Flavius Athenio, porte trois noms (les tria nomina, signe distinctif de la citoyenneté) sans mention de la filiation ou de l'affranchissement, ce qui laisse ouvertes les hypothèses d'un citoyen romain de plein droit ou d'un affranchi. Son cognomen (surnom) d'origine grecque, Athenio, suggère un passé d'esclave et donc une citoyenneté acquise suite à un affranchissement. Son épouse était de condition libre puisqu'elle est désignée par un seul nom, Sabina. Elle portait le même cognomen latin que son père, Sabinus, un des plus répandus. Claudine Jacquet, d'après la notice de Robert Sablayrolles et Laetitia Rodriguez extraite du « Catalogue raisonné des autels votifs du musée Saint-Raymond », 2008 ; Base La face antérieure de la base est ornée de deux caissons moulurés, les faces latérales d'un seul. La face postérieure n'est pas décorée, on y observe encore des traces d'outil. Modénature : rainure d'onglet, tore renversé, listel plat, doucine renversée, filet renversé sur les quatre faces. Corps Des traces de ciseau grain d'orge sont encore apparentes sur la face latérale droite, qui a peut-être été un peu égrisée. La face latérale gauche a été laissé brute, elle présente également des traces de ciseau grain d'orge, mais encore plus visibles, même à la surface du décor en bas-relief. La face postérieure a été laissée brute. Toutes les arêtes du corps sont légèrement érodées. Couronnement : - Corniche : l'angle antérieur gauche de la corniche est brisé, les trois autres sont érodés. Le bandeau de la face antérieure est abîmé. Modénature : le couronnement est débordant par rapport au corps. Cavet droit, listel plat, doucine droite, bandeau renversé sur les quatre faces. - Coussin : le coussin se compose d'un bandeau d'attique assez plat, encadré de deux pulvilli sculptés sur toute leur surface. Ils sont serrés en leur centre par une ceinture qui se termine par une feuille lancéolée. Les pulvilli sont nettement séparés du bandeau d'attique sur les faces latérales. Ils sont décorés sur la face antérieure de fleurons à quatre pétales inscrits dans un cercle, liés par deux branches de chêne, qui soulignent le haut du couronnement. La face supérieure du coussin est plane entre les pulvilli. Un évidement rectangulaire (7,5 x 6 cm ; prof. 4,5 cm) est creusé en son centre, plutôt un foculus qu'une mortaise d'encastrement, en raison de sa profondeur relativement faible et de l'abence de feuillure. Les traces de deux fastigia entièrement arasés sont encore visibles sur la face supérieure. Les quatre faces du coussin ont été soigneusement polies. ÉPIGRAPHIE Le champ épigraphique est délimité par un cadre mouluré, il a été soigneusement poli avant la gravure de l'inscription. Matri deum, / A(ulus) Flauius / Athenio / ex uoto / Sabinae, Sabi'ni' (filiae), / uxsoris. À la Mère des dieux, Aulus Flavius Athenio, à la suite du vœu de son épouse Sabina, fille de Sabinus. Ordinatio et paléographie La mise en page est très soignée, le texte parfaitement centré. Le mot uxsoris est cependant légèrement décentré à gauche à la dernière ligne. Le lapicide a rétréci la taille du V à la première ligne et a employé une ligature 'NI' à la ligne 5 pour éviter des césures. Ces deux procédés ne répondent pas à un manque d'espace en fin de ligne (les lettres ne sont pas resserrées ni rétrécies par la suite), mais à un modèle soigneusement élaboré par le lapicide ou le commanditaire, illustration du soin apporté au monument. Les lettres sont très régulières, plutôt carrées, et profondément gravées. La gravure est élégante et les empattements sont bien marqués. Les O ont une forme bien circulaire, la barre transversale des T est gravée légèrement au-dessus de la ligne, et la barre oblique des R est légèrement incurvée. H. des lettres : l. 1 : 3,8 (V : 1,4) ; l. 2 : 2,7 à 2,9 (F : 2,4) ; l. 3 : 3 ; l. 4 : 2,9 à 3,1 ; l. 5 : 2,7 à 2,8 (I ligaturé : 3,6) ; l. 6 : 2,6 à 3. DECOR Un vase à libation occupe la face latérale gauche. La panse, globulaire, est lisse et le col est étroit. L'anse, fixée sur le vase au niveau de son épaulement, se termine de chaque côté par un enroulement très marqué. Les contours du poucier, situé entre l'anse et le bord du vase, sont accentués par un creusement. L'embouchure du vase, représentée selon une perspective mal maîtrisée par une vue de dessus, a la forme d'une double boucle. La base, qui représente un pied balustre schématisé, se compose d'une boule et d'une partie inférieure légèrement incurvée. Un praefericulum orne la face latérale droite. Il se compose d'un cercle périphérique épais et plat, et d'un disque creusé en son centre, entouré d'un cercle en relief. Le manche, assez court et finement décoré (quatre stries légèrement incurvées, placées de part et d'autre d'un axe de symétrie vertical), est orienté vers le bas. Il se termine par une tête de bélier stylisée de forme triangulaire, assez pointue. COMMENTAIRE Cet autel constitue le seul témoignage épigraphique d'un culte oriental dans les Pyrénées centrales. Il a été rapproché par P. Aupert de la découverte d'une figure d'Attis effectuée en 1994 à Saint-Bertrand-de-Comminges, lors de sondages d'évaluation pratiqués sur un édifice public situé au nord des thermes du Nord. L'éloignement des deux lieux de découverte rend cependant fragiles les déductions tirées de ce rapprochement . Le dédicant porte les tria nomina sans mention de la filiation ou de l'affranchissement, ce qui laisse ouvertes les hypothèses d'un citoyen romain de plein droit ou d'un affranchi. Son cognomen d'origine grecque, Athenio, suggère plutôt la seconde solution : rare en dehors de Rome, celui-ci est porté, dans la capitale par 14 affranchis sur un total de 43 individus . Son épouse était une pérégrine de condition libre qui portait le même cognomen latin que son père, un des plus répandus . La graphie uxsor, dans ce contexte, est plutôt le signe d'un archaïsme courant dans les inscriptions d'époque impériale que l'indice d'une influence de la langue aquitanique sur la graphie, qui se constate sur nombre d'inscriptions des Pyrénées centrales. Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008.
"Le gentilice Flavius et la dédicace à la Mère des dieux suggèrent un terminus post quem un peu plus tardif : début du IIe siècle." (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°44)
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne (Labroquère, lieu de découverte)
"Cet autel aurait été découvert dans la commune de Labroquère selon la plupart des auteurs. A. Du Mège, après lui avoir donné pour provenance ce village dans son ouvrage de 1814, situait par la suite sa découverte à Saint-Bertrand-de-Comminges, et disait que l’autel « avait été transporté à Labroquère, qui n’en est éloigné que d’un kilomètre ». Cette affirmation semble sans fondement. L’autel avait rejoint les collections du Musée de Toulouse avant 1818." (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°44)
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Le corps de la mémoire, Réfectoire des Jacobins, Toulouse, 27/03/1995 - 03/06/1995 Marbres, hommes et dieux, musée Saint-Raymond, Toulouse, 05/07/2008 - 01/03/2009 L'altre Olimp, musée national archéologique, Tarragone, 28/01/2010 - 16/05/2010
Du Mège (Alexandre), Monumens religieux des Volces Tectosages..., Toulouse, 1814, (n°7) Du Mège (Alexandre), Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le Musée de Toulouse, Toulouse, 1828, (n°27) Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (n° 82) Ernest Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : musée des Augustins, musée Saint-Raymond, Toulouse, Roux et Cléder, 1892 (n° 115) Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p.218, n° 149) Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 220) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XIII, 1916, (83) Catalogue d'exposition Marbres, hommes et dieux. Vestiges antiques des Pyrénées centrales, 5 juillet 2008-1er mars 2009, musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, (p. 60-61) Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 110-112) Melmoth (Françoise), Marbres, hommes et dieux, dans L'archéologie, n° 99, décembre 2008-janvier 2009, (p. 40 et 43)