Ra 219 ; 31075 (Ancien numéro)
Autel votif dédié au dieu Baesert par Harbelex
Hauteur en cm 69,2 ; Largeur base en cm 29,1 ; Largeur corps en cm 25 ; Profondeur base en cm 24,3 ; Profondeur corps en cm 18,8
dédicace (latin), corps : BAESERTE / DEO / HARBELEX / HARSI F. / V.S.L.M., Baeserte deo, Harbelex Harsi f(ilius), v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito)., traduction : Au dieu Baesert, Harbelex, fils de Harsus, s'est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance.
Base Les faces antérieure et latérale droite de la base ont été retaillées, l'angle antérieur gauche est brisé. Les moulures sont très bien conservées sur la face postérieure et la face latérale gauche. Modénature : la base est largement débordante par rapport au corps. Gorge, ovolo renversé, listel plat, cavet renversé sur les faces latérale gauche et postérieure. Couronnement - Corniche : les faces antérieure et latérale gauche ont été bûchées. Le bandeau est endommagé sur les faces latérale droite et postérieure. Modénature : filet droit, doucine droite, bandeau renversé sur les faces latérale droite et postérieure. - Coussin : le coussin, de forme rectangulaire et pratiquement plat, ne comporte pas de pulvilli. Sa face supérieure est légèrement érodée. Une mortaise d'encastrement (12 x 10 cm, prof. totale : 6,5 cm), en forme de tronc de pyramide inversé et munie d'une feuillure qui rétrécit l'ouverture (7,5 x 6,1 cm), a été ménagée au sommet de l'autel. Elle devait accueillir le tenon de fixation d'un décor en pierre (fastigium ?). ÉPIGRAPHIE Le champ épigraphique est mal conservé : il est érodé en surface et les bords de l'inscription sont entamés. Baeserte / deo, / Harbelex, / Harsi f(ilius), / u(otum) s(oluit) l(ibens) m(erito). Au dieu Baesert, Harbelex, fils d'Harsus, s'est acquitté de son voeu de bon gré et avec une juste reconnaissance. Ordinatio et paléographie La mise en page est très réussie, le texte est bien centré dans le champ épigraphique. La gravure est régulière et profonde, les lettres sont hautes. La boucle des R et les panses des B ne sont pas fermées, la barre horizontale du T dépasse largement des autres lettres, les A ne possèdent pas de barres transversales (ou elles ont été effacées par l'usure) et la boucle supérieure des S est plus grande que la boucle inférieure aux lignes 1 et 4. A la ligne 4 également, le H est très étroit. H. des lettres : l. 1 : 4,5 (T : 5,5) ; l. 2 : 4,5 ; l. 3 : 5,5 ; l. 4 : 4,5 (S : 4,8) ; l. 5 : 3,4 à 3,6. DECOR Un sanglier courant vers la droite orne la face latérale gauche du corps. Ses proportions sont étirées en longueur (groin, tronc), et une partie de sa tête est abîmée ; le groin reste cependant observable. Les poils sont figurés par de petites stries rectilignes sur le dessus du dos de l'animal. Le dessin, soigné, est assez réaliste. Sur la face latérale droite est sculptée une amphore à panse allongée, col assez court, lèvre étroite évasée, anses coudées fixées sur un épaulement à angle vif, pied assez haut. Ces caractéristiques morphologiques semblent correspondre à une forme Dressel 2/4, malgré un épaulement trop marqué pour ce type d'amphore. Ces décors tranchent par leur originalité avec la patère et le vase à libation classiques des faces latérales des autels. Faut-il voir dans l'amphore vinaire une représentation symbolique de l'offrande liquide consacrée au dieu (libation) ou celle de la consommation du vin liée à des banquets rituels, pratique désormais bien identifiée dans les sanctuaires celtiques de Gaule ? Le sanglier serait-il alors, sur l'autre face, le symbole d'une autre forme de rituel liée à la consommation du gibier et à des pratiques aristocratiques de la chasse ? Le témoignage est isolé et doit relever d'un épisode anecdotique commémoré par un geste individuel. COMMENTAIRE Le théonyme est un hapax. Sa découverte dans les ruines de l'ancienne chapelle de la Croix-du-Basert, quartier de la commune de Gourdan-Polignan, ne laisse guère de doute sur le rapport entre le nom de la divinité et le toponyme . La désinence en -e, fréquente pour les divinités de type aquitanique, correspond soit à un indéclinable, soit à une forme de datif aquitanique . J. Gorrochategui propose de voir dans le t un suffixe et suggère un rapprochement entre le radical ainsi ramené à Baeser- et le théonyme (ou l'épithète divine) Beiserisse (CIL XIII, 370) . Des parentés avec l'anthroponyme Baisothar et avec la racine ibère paes/pais- ainsi ont été proposées par M. L. Albertos Firmat, hypothèse à laquelle a souscrit J. Gorrochategui . Le rapprochement avec le basque baso, la forêt, a été adopté par de nombreux chercheurs depuis R. Lizop, qui utilisait, entre autres, l'argument du caractère boisé des contreforts calcaires entourant le carrefour du Basert, au Moyen Âge et jusqu'à nos jours . On ne saurait établir de parallèle assuré à partir d'une seule attestation antique, de légendes médiévales et d'une observation du paysage contemporain. Seule, par conséquent, l'évidente parenté entre le toponyme actuel et le théonyme antique peut être retenue. Le dédicant est un pérégrin libre d'ascendance aquitaine. Son surnom est composé d'un élément particulièrement fréquent dans l'onomastique aquitanique, -belex /-bels, et le surnom lui-même, Harbelex, est attesté à six autres reprises, dans les vallées comme dans la plaine, avec des variantes de la consonne finale (Harbelxsis/Harbelsis) . La première partie du nom, Har-, est peut-être à rapprocher de Hars-, radical que l'on retrouve dans le surnom du père, latinisé en Harsus . Le rapprochement de ce dernier surnom avec des anthroponymes basques attestés dans des textes d'époque médiévale (Xe-XIIe siècles) permet d'établir un lien avec le vocable basque (h)artz, qui désigne l'ours. Laetitia Rodriguez et Robert Sablayrolles, 2008. ; Grand autel votif épigraphe incomplet (sommet, corniche et base arasés). Les latéraux sont sculptés d'une amphore à droite et d'un sanglier à gauche. Claudine Jacquet (09/01/06)
Europe, France, Occitanie, Haute-Garonne, Gourdan-Polignan (Gourdan (chapelle Notre-Dame-de-Bazert), lieu de découverte)
"Cet autel aurait été découvert dans les ruines d’une chapelle située au lieu-dit la Croix-du-Basert, à Gourdan-Polignan, « selon une ancienne tradition » rapportée par A. Du Mège. Il est entré dans les collections du Musée de Toulouse avant 1813." (L. Rodriguez, R. Sablayrolles, cat. 2008, n°38) Rachou et Roschach placent le lieu-dit Bazert sur la commune de Huos. Sacaze et Mesuret indiquent Gourdan
propriété de la commune, mode d'acquisition inconnu, Toulouse, musée Saint-Raymond
Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, dessins, etc., composant le Musée de Toulouse, Toulouse, 1813, (p. 57, n° 167 bis) Du Mège (Alexandre), Monumens religieux des Volces Tectosages..., Toulouse, 1814, (pl. 67) Du Mège (Alexandre), Notice des tableaux, statues, bustes, bas-reliefs et antiquités composant le Musée de Toulouse, Toulouse, s. l. n. d., 1818, (n° 42) Du Mège (Alexandre), Notice des monumens antiques et des objets de sculpture moderne conservés dans le Musée de Toulouse, Toulouse, 1828, (n° 42) Alexandre Du Mège, Description du Musée des Antiques de Toulouse, Toulouse, Douladoure Jean-Matthieu, 1835, une autre édition du même catalogue, en 1835, chez F. G. Levrault à Paris (n° 71) Ernest Roschach, Catalogue des musées archéologiques de la ville de Toulouse : musée des Augustins, musée Saint-Raymond, Toulouse, Roux et Cléder, 1892 (n° 114) Sacaze (Julien), Inscriptions antiques des Pyrénées, Toulouse, 1892, (p. 259, n° 203) Espérandieu (Emile), Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, Paris, 1908, (p. 4, n° 836) Rachou (Henri), Catalogue des collections de sculpture et d'épigraphie du musée de Toulouse, Toulouse, éd. Privat, 1912, (n° 219) Corpus Inscriptionum Latinarum, vol. XIII, 1916, (85) Bulletin municipal de la Ville de Toulouse, Toulouse, 1936, (p. 898 et 900) Rodriguez (Laetitia) et Sablayrolles (Robert), Les autels votifs du musée Saint-Raymond, musée des Antiques de Toulouse, catalogue raisonné, 2008, (p. 100-102)