MNR 1010
PISSARRO Camille Jacob Abraham
Saint-Thomas (Iles Vierges) 10 juillet 1830 ; Paris 13 novembre 1903
Jeune paysanne faisant du feu
Gelée blanche
1888
Toile ; peinture à l'huile
H. 0,93 ; La. 0,925 m.
Signé et daté en bas à droite : "C. Pissarro. 1888"
Le tableau est acquis directement auprès de l'artiste par la galerie Durand-Ruel le 6 avril 1888. Il est ensuite vendu par la galerie à Gaston Lévy le 23 octobre 1930. A l'arrivée des Allemands à Paris, en juin 1940, Gaston Lévy envoie une grande partie de ses collections dans sa résidence de province, au château des Bouffards, à Brinon-sur-Sauldre, à la limite de la ligne de démarcation, mais en zone occupée. C'est là que ses biens et ses collections sont saisis par des "soldats allemands", vers le mois d'octobre 1940, selon le témoignage du garde assermenté du château, M. Alphonse Depardieu (1). Il précise que cette spoliation concerne à la fois le mobilier présent de longue date au château, comme les collections apportées récemment de Paris. Les tableaux de Pissarro et de Signac (MNR 1009) faisaient très certainement partie des œuvres emportées à ce moment, même si aucune liste n'en a été dressée. Pourtant, ce n'est qu'en juin 1943 que les deux toiles sont enregistrées à l'ERR, sous les numéros MA-B 1082 (Pissarro) (2) et MA-B 1084 (Signac) et que, sans doute, elles arrivent au Jeu de Paume à Paris. Les fiches rédigées pour l'occasion ne fournissent aucun lien avec Gaston Lévy. Il convient de noter que le MA-B 1083 Signac, "Le radeau", dit aussi "Herblay, La Patte d'Oie" (localisation actuelle inconnue), a également appartenu à Gaston Lévy. Les deux œuvres quittent Paris le 4 mai 1944 et sont envoyées à Nikolsburg puis au château de Kogl (n° 687/5), où elles sont retrouvées après la guerre par les Alliés. Le Pissarro est transféré le 21 mars 1946 au Central Collecting Point de Munich (n° 22355/5) (3). Le tableau est rapatrié vers la France par le vingt-et-unième convoi en provenance de Munich le 25 septembre 1947 et il est livré au siège de la commission de récupération artistique (CRA) ; il n'y a aucune trace de sa sortie. Gaston Lévy, qui réside alors à l'étranger, ne fait pas de réclamation après la guerre auprès de la commission de récupération artistique ; en revanche, il présente une revendication auprès des autorités allemandes en 1962 dans le cadre de la loi BRÜG (4) ; le Pissarro et le Signac figurent dans la liste des œuvres de sa réclamation, suggérant que Gaston Lévy ne les avait pas récupérées alors. En 1988, le Pissarro et le Signac réapparaissent et sont saisis le 23 avril par les douanes françaises alors qu'ils étaient exportés frauduleusement sans autorisation de sortie de territoire. Ils sont alors la propriété de la société Niconique qui tentait de les exporter en Belgique ; cette société appartient à un ressortissant né en Lituanie. Celui-ci tente de récupérer les œuvres mais, après épuisement des actions contentieuses, celles-ci sont saisies puis intégrées aux collections nationales françaises en 2000 et attribuées au musée d'Orsay. Le tableau de Pissarro est inscrit sous le numéro d'inventaire RF 2000 83. La découverte de la provenance véritable et le passage de l’œuvre auprès de la Commission de récupération artistique après la guerre ont conduit le ministère de la Culture et le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères à faire droit à la famille de Gaston Lévy. L’œuvre est alors radiée des inventaires du musée d'Orsay puis inscrite symétriquement sur l'inventaire des biens de la récupération artistique par l'arrêté du 16 juillet 2018 afin de permettre la restitution qui a lieu le 26 juillet 2018.
Champ Catégorie renseigné en 2018.
Oeuvre assurément spoliée.
Restitué le 26 juillet 2018
Restitué
RODO PISSARRO L., "Camille Pissarro, son art, son œuvre", Paris, 1939, volume 1, p. 182, n° 722, volume II, pl. n° 722. PISSARRO J., DURAND-RUEL SNOLLAERTS C., "Pissarro, Catalogue critique des peintures", Milan, Paris, New-York, 2005, vol. III, p. 561, n° 857.
(1)Document conservé par la famille. Il a été rédigé pour la revendication faite auprès de l'Allemagne, dans le cadre de la loi BRÜG. Non daté, ce document a été légalisé par la mairie de Selles Saint-Denis le 9 février 1962. (2)https://www.errproject.org/jeudepaume/card_view.php?CardId=6808. (3)https://www.dhm.de/datenbank/ccp/dhm_ccp.php?seite=6&fld_1=22355&fld_3=&auswahl=6&fld_4=&fld_4a=&fld_5=&fld_6=&fld_7=&fld_8=&fld_9=&fld_10=&suchen=Suchen (4) dossier conservé à Berlin, Wiedergutmachungsämter: Akt.Z. des WGA : 8-10494/59H.
2023-10-10